Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...
11 Décembre 2010
Languedoc. Oups ! Sujet sensible. De son
hamac sénégalais, je sais que Michel Smith surveille ce qui s'écrit sur la toile, entre ses lectures, ses balades et son poulet yassa... Michel, c'est LE spécialiste du carignan, « cépage sudiste
jadis honni », héros de son feuilleton, Carignan Story, proposé sur le blog qu'il partage avec ses amis, les5duvin.com ... C'est dire si l'on ne doit pas écrire de bêtises
sur ce sujet... Je me risque.
Le carignan, on ne le connaît pas vraiment dans nos contrées centrales. Et pour cause. Celui que l'on appelle aussi bois dur a besoin de beaucoup de soleil pour arriver à maturité, et de la maturité, il lui en faut, pour qu'il produise des vins buvables. On me dit qu'il se plaît sur les schistes, les terrasses caillouteuses comme on en trouve dans le Languedoc, dans la vallée du Rhône, sur les pentes du Ventoux. Cépage rustique, il ne craint ni le froid, ni le vent et est très souvent assemblé au grenache ou à la syrah, autres cépages sudistes.
Et du 100% carignan, ça donne quoi? Avec deux copains toujours avides de découvertes, on a ouvert l'autre jour, autour d'un boutdebeu bleu et aux échalotes, ce Vin de pays des côtes de Brian, baptisé Vieux carignan, vinifié par Calmel + JJoseph. Laurent Calmel, œnologue ayant bourlingué autour de la planète, s'est associé il y a quelques années avec Jérôme Joseph, négociant spécialiste en vins du Languedoc-Roussillon, pour créer cette maison dont l'ambition est de « redonner leurs lettres de noblesse à ces vins locaux souvent méconnus.» On ne savait pas qu'ils en manquaient, mais bon...
Donc ce carignan. « Baraqué », comme dirait Michel. On a mis le nez dedans avec une certaine frénésie, recherchant les bons mots. Un peu de gibier, peut-être, des notes de garrigue, des fruits rouges, du pruneau, des épices ... Et puis on a attaqué le bœuf, la petite réduction d'échalotes qu'on avait déglacée d'un peu de ce carignan. Le vin s'est assoupli sous la langue, a envahi le palais comme une grande marée les grottes du littoral, a tangué sur les gencives et nous a renvoyé un long cri d'amour. On s'est dit que si notre chroniqueur castelroussin préféré, Denis Hervier, (à suivre sur lettresdegout.com), était là, il nous balancerait que ce vin-là vourloute ! Et on est d'accord, il vourloute grave !
(8 euros chez les cavistes)