16 Juillet 2021
BOURGES. Les seconds vins des Grands Crus Classés ont la cote ! Plus accessibles que les premiers, dont les prix dépassent aujourd'hui l'entendement, ils ont été créés au début du siècle dernier pour vendre, sous une étiquette différente, des vins exclus de la composition des premiers parce que jugés moins bons... Ce qui, dans ces domaines où l'on vise l'excellence, ne veut pas dire mauvais. Mais c'est surtout depuis une trentaine d'années que les seconds vins se sont généralisés, avec l'idée de les vendre en vantant leur (souvent) très bon rapport qualité/prix. Les grands châteaux ne pouvant pas se permettre de vendre de la bibinne, sous peine d'abîmer leur image...
Les seconds vins sont donc le plus souvent de grands vins. Élaborés à partir de vignes en devenir et/ou de cuvées jugées moins qualitatives, voire de parcelles dédiées, ils sont élevés avec les mêmes soins que ceux portés à leurs grands frères. Et possèdent un atout non négligeable pour tous ceux qui pensent que le vin est fait pour passer de la bouteille au verre : ils sont prêts à boire plus rapidement que les premiers. À suivre quatre seconds dégustés récemment, dont les trois derniers chez un ami qui ne manque pas de goût. Merci à lui.
On commence par cette cuvée BriO 2009 de Château Cantenac-Brown, troisième Grand Cru Classé de Margaux et une soixantaine d'hectares au cœur de l'appellation. Créé en 2001, ce second est issu d'une sélection parcellaire. Ce millésime est un assemblage de cabernet sauvignon (50%) de merlot (40%) et de cabernet franc, vendangés à maturité et sous le soleil... Élevage de douze mois en barriques de chêne français à 25% de barriques neuves et 75 % de barriques d'un an. Robe très sombre, reflets pourpres, nez intense, un nuage vaporeux dans lequel se mêlent des flagrances de baies noires écrasées, des notes de fumé, de cacao, de prunes rouges. Attaque souple, bouche d'une belle amplitude, gourmande, sur des tanins fondus, quelques notes vanillées avant une allonge très fruitée. Gourmand.
- Trois 2016 pour suivre. Un millésime qualifié d'exceptionnel par les sommités du Mondovino. D'abord un pauillac, les Carruades de Château Lafite-Rothschild, Premier Cru Classé. Un assemblage de cabernet sauvignon (44%) merlot (49%), cabernet sauvignon (5%) et petit verdot. Robe pourpre sombre, reflets violines, joli nez guilleret, baies noires et prunes compotées, liqueur de cassis, un brin de tabac. Attaque vive, bouche ample, d'une grande fraîcheur, des notes de mine de crayon mêlées aux fruits mûrs, avant une finale très légèrement iodée... Séduisant.
- Direction les Graves avec le Clarence de Château Haut-Brion, Premier Grand Cru Classé. Ce millésime est un assemblage de merlot noir (51,3%), de cabernet franc (13,1%), de cabernet sauvignon (33%) et de petit verdot (2,6%). Robe grenat sombre, nez magnifique, raffiné et élégant, notes de grillé, de baies très mûres, d'atelier d'ébéniste, pointes florales. Attaque souple et fraîche, jolis petits tanins très fins qui transforme ce vin en caresse, laquelle flatte très longuement le palais. Mon préféré.
- On termine avec le Pavillon Rouge de Château Margaux, Premier Grand Cru classé. Un assemblage de cabernet sauvignon (84%), de merlot (13%) et de petit verdot. Robe pourpre, nez exubérant mais frais, une corbeille de fruits noirs mûrs dans laquelle on aurait glissé quelques fleurs de garrigue et des feuilles de menthe noire froissées. Bouche fraîche et tendue, volumineuse, croquante, tanins soyeux, et finale très bavarde. Flatteur.
En conclusion, quatre jolis vins, chacun dans son style. On est partant pour d'autres millésimes ...
Les petites lampées reviennent bientôt...