Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...
26 Mars 2021
BOURGES. On aurait pu débuter ce déjeuner avec un spritz, mais ce prosecco méritait à priori d'être bu seul, sans cet adjuvant ... amer capable de faire passer n'importe quelle bibine à bulles pour une boisson buvable ! J'ai reçu cette bouteille en or, baptisée Bottega Gold, accompagnée d'un petit livre tout aussi doré, il y a quelques semaines. The 100 Procesco Recipes, publié l'an dernier, en italien et en anglais, aux Éditions Montadori, est signé Sandro Bottega. Qui propose, en près de deux cents pages, une gourmande balade gastronomique dans les collines du proseco, patrimoine de l'Unesco, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Venise, où j'ai eu l'occasion de faire une belle excursion, il y a quelques années, à l'époque où l'on m'invitait à être juré d'un concours de vins...
Depuis la mort de son père, Sandro Bottega, l'auteur de ce livre de recettes, gère, avec sa mère et ses frères, cette distillerie familiale éponyme, basée à Bibano di Godega, tout en cultivant sa passion pour la gastronomie. Auteur de six livres, il a également ouvert une vingtaine de restaurants dans le monde baptisés Bottega Prosecco Bar, dédiés à la cuisine italienne et vénitienne magnifiquement mise en valeur dans ce très beau livre que vous pourrez vous procurer sur le site de la Distillerie Bottega.
Dans cette bouteille lingot d'or, un prosecco millésimé 2019 et des bulles, fines et délicates, sur une légère effervescence qui s'achève par un champignon mousseux, dans une robe or aux reflets vert clair. Le nez évoque d'abord la verveine, les fruits et les fleurs blanches, avant quelques délicates notes d'agrumes. Bouche toute en délicatesse est en finesse, une légère amertume savoureuse et une finale toute en dentelles... Ça vaut dans les 22 euros. Grazie molto ... pour ce moment !
- Tout cela nous ayant donné des envies estivales, nous sommes passés au rosé pour terminer les mises en bouche et, ensuite, accompagner une terrine maison, volaille et cœurs... D'abord avec ce touraine-amboise 2020, cent pour cent côt, de Thomas Frissant, un tout jeune vigneron, vingt-sept ans, installé en 2019 sur quatorze hectares en conversion bio, du côté de Mosnes (Loir-et-Cher), dont c'est la première vendange. Le bonhomme, qui a fait ses classes autour de monde avant de revenir au pays, est également à ses heures un peu artiste et dessine les étiquettes de ses bouteilles dont celle de cette cuvée La Touche, un rosé issu d'un pressurage direct et d'une fermentation en fûts de trois cents litres. Robe fringante d'un rose un peu soutenu, nez sur le sirop de grenadine un brin fumé, énorme vivacité en bouche pour ce rosé très sec qui fit honneur à la terrine escortée de cerises au vinaigre et de carottes bicolores macérées dans une huile d'olive parfumée aux zestes d'orange.
- Rosé toujours et petit voyage dans la bien nommée vallée du Paradis, joli coin du massif des Corbières, avec cette cuvée Cœur de gris 2020 des Maîtres Vignerons de Cascatel, soixante artisans de quatre villages cultivant quelque 750 hectares. Grenache gris (85%) et cinsault vendangés à la fraîche composent ce vin issu d'un pressurage direct. Élégante robe pâle aux reflets saumonés, nez expressif, très fruité, quelques notes d'épices, c'est frais en bouche, souple, fruité dans son allonge, ce sera parfait cet été pour les soirées plancha... Et ça vaut 4,50 euros ! Que demander de plus ?
- Pour accompagner les magrets de canard flanqués de cèpes bouchons rôtis au miel truffé... place à un saint-julien avec le second vin de Château Ducru-Beaucaillou, le Petit Ducru 2018, dernier né de cette propriété familiale depuis 1720 dont le gouvernail est aujourd'hui entre les mains de Bruno-Eugène Borie. « Ce nouveau venu est issu d'une sélection des vignobles de la propriété qui se veut une initiation à la griffe Borie, explique-t-il, une invitation à approcher ses aînés, Ducru-Beaucaillou et La Croix Ducru-Beaucaillou. Accessible dans sa prime jeunesse, il bénéficie des mêmes soins que les deux autres nectars, avec un rigoureux parcours technique, une sélection drastique et une vinification exigeante. » Issu d'un assemblage de merlot (60%) et de cabernet-sauvignon, élevé douze mois en barriques dont un tiers de bois neuf, ce Petit Ducru saura attendre sans problème quelques années en cave pour exprimer totalement. Aujourd'hui, derrière une robe grenat sombre, il dévoile un nez très fruité, mûres cuites, baies sauvages, sous-bois, épices ... Bouche juteuse, ample et longue finale sur un soupçon de réglisse... 28 euros ! On ne s'en prive pas .
Les petites lampées reviennent bientôt...