Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...
16 Octobre 2019
BOURGES. Parce que rosé rime souvent avec Provence, on en oublierait presque les rouges alors qu'il serait bien dommage de passer à côté. Ouvert l'autre soir, sur des cèpes en deux façons, crus, en lamelles badigeonnées d'une huilette olive/citron vert, puis cuits, en cassolette lardée... cette cuvée La Violette rouge 2015 AOP Côtes de Provence de Château de la Clapière, Violette que nous avions déjà appréciée en version rosé cet été. Le domaine ? « Cinquante-cinq hectares de vignes dont trente-deux en Cru Classé de Provence, sur un sol argile-calcaire caressé par une brise de bord de mer, propriété de Domaine & Châteaux Fabre, (Château de l'Aumerade, notamment) ». L'assemblage ? « 58% de syrah, 37% de grenache et 5% de carignan.» Dans les verres ? Une belle robe grenat sombre, un nez à la fois floral et fruité, de la violette pourquoi pas, mais des fruits rouges plus sûrement, cuits et légèrement épicés, tout cela se mariant avec bonheur en bouche, à la fois croquante et souple. Vin plaisir, dans les 14 euros.
- Soirée d'anniversaire pour les quarante ans d'un vrai fou-de-vin-rugbyman-dingue-de-l'ASM, qui s'était entouré de quelques dizaines de ... piliers, solides et bons vivants, pour bien arroser l'évènement. Nuit blanche au bout de laquelle se comptaient ainsi les cadavres : quinze Blanc de Blancs Le Brun de Neuville, un jéroboam de rosé, quatre-vingt bières et dix magnums de blancs de Bourgogne et de rouges dont ce Font de Crau 2015, un châteauneuf-du-pape du Domaine La Graveirette. La propriété ? « Créée en 2005 par Julien Mus sur la commune de Bédarrides, dans le Vaucluse, certifiée en biodynamie depuis 2015. » Ce qu'on sait ? « Un assemblage de grenache et de mourvèdre (40%), sur des sols sargilo-sabloneux, galets et cailloux, vinification et élevage pendant deux ans en cuves inox. » Résultat ? Une absolue gourmandise... Des baies sauvages au nez comme en bouche, des épices rafraîchissantes, de la suavité et de la matière, un caractère bien trempé... Derrière le flacon, vous avez probablement remarqué un magnum du Domaine de la Janasse, que je crois avoir également apprécié... Mais j'ai perdu mes notes dans la nuit ! Une autre fois.
- Dix magnums, mais aussi quelques 75cl... Dont ce meursault Goutte d'Or Premier Cru 2017 de David Moret. Goutte d'Or ? L'un des vingt-et-un Premiers Crus classés de l'appellation. Le domaine ? Pas un domaine mais un négociant... qui achète des lots et vinifie une gamme de blancs de Bourgogne de diverses appellations en imposant « des critères de qualité tels que l'utilisation d'engrais organiques, le labour des sols, des rendements limités, des vendanges en cagettes. » La technique ? « Fermentation malolactique et élevage du vin sans correction, ni ajout de levures, ni acidification. » Qu'ajouter ? Que j'avais déjà goûté et apprécié le chassagne-montrachet du même David Moret il y a quelques mois et que ce meursault est, si je peux me permettre, du même tonneau... Joliment habillé d'or aux reflets émeraude, sur un nez pâtissier et grillé, des notes de fleurs blanches en sus, gras et volumineux en bouche, cette Goutte d'Or a fait merveille auprès de ceux qui préfèrent, à l'heure de l'apéritif, des vins tranquilles aux bulles ...
- Changement de registre, du chardonnay au sauvignon, avec ce sancerre 2016, la Griffe de Silex du Domaine Alain Gueneau. La propriété ? « Seize hectares sur les coteaux pentus autour de Sury-en-Vaux, Chavignol et Sancerre.» Ça dit quoi ? Typique de l'appellation, citron, bourgeon de cassis, agrumes, fleurs blanches, tout cela escorté de notes plus fumées, beaucoup de fraîcheur en bouche, un brin d'exotisme, avant une finale percutante. Parfait sur une tarte fine aux coquilles Saint-Jacques de la copine ... On redemande les deux !
- Même soir ... Je vous aurais bien causé de cette bouteille, là, en premier plan, un cos-d'estournel 2010, qu'on se faisait un plaisir de déguster sur un ragoût de sèches. Pas de chance, il était... bouchonné ! Bon, OK, ça arrive, mais ça la fout mal quand même pour un Grand Cru Classé d'à peine dix ans d'âge, conservé dans une cave à vins ... Du coup, va pour un blanc, La Belle Poule 2016 de Château du Rouët. Le domaine ? « Soixante-dix hectares dans une zone préservée, classée Natura 2000, au cœur de la Provence, sur les contreforts de l'Estérel.» L'anecdote ? Cette cuvée tient son nom du bateau qui rapatria les cendres de l'Empereur déchu de Saint-Hélène et dont les deux portes de la cabine de Napoléon ornent aujourd'hui la chapelle du château. La technique ? Du rolle, rien que du... vermentino, issu de vieilles vignes, « macération pelliculaire à basse température dans des barriques neuves. » Et ? Pâle de la robe, expressif du nez, d'abord sur des notes florales, puis exotiques, pamplemousse, des pointes de grillé et d'épices, il explose en bouche, très fruitée, du citron et du fenouil en retour, du boisé bien digéré, longueur assurée ... Parfait avec les sèches, en fait !
Les petites lampées reviennent bientôt...