20 Décembre 2019
BOURGES. Ici, le mardi, c'est boudin ! Tout frais, tout beau, presque tout chaud. Un boudin signé Morin, pas Léon, c'est le prénom du prêtre de Melville joué par Belmondo, mais Jean-Jacques... C'est le boucher de mon quartier et son boudin est une merveille. Ce mardi, donc, on a escorté ce beau morceau d'un écrasé pommes de terre/topinambours, relevé de melanosporum, et du second vin de Château Haut-Batailley, Grand Cru Classé de Pauillac, propriété de la famille Cazes depuis deux ans. Verso, c'est le nom de cette cuvée mise en vente dans le millésime 2017 pour 25 euros. Un mot sur l'étiquette, inspirée du travail de Gustave Doré, célèbre pour ses illustrations des Fables de La Fontaine et des Contes de Perrault. Explication ? « Elle laisse apparaître de subtiles variations de couleurs, donnant vie aux nuages dans un halo de lumière dorée quand la tour lumineuse du domaine est reproduite sur la contre-étiquette...» Le vin ? Un assemblage de merlot et de cabernet sauvignon encore bien jeune mais parfaitement en phase avec le boudin parfumé de cannelle, tant ce pauillac est un peu croquant et légèrement cacaoté. En bouche les baies rouges dominent les légères notes de lapsang souchong quand les tannins et une légère amertume guident le palais à une finale réjouissante. On peut encaver quelques années, c'est sûr.
- Autre jour, autre lieu, autre plat, un foie gras et un gewurrztraminer vendanges tardives 2015 du Domaine Moellinger. Robe or, nez intense et complexe, des fruits exotiques et quelques effluves florales de jardin anglais, du citron et des épices, des pointes de safran. Bouche soyeuse, liquoreuse mais pas trop, belle vivacité au milieu et retour de cette corbeille de fruits exotiques, avant quelques amers jusqu'à une finale très longue... Pas si mal avec le foie, si, si... Je connais l'aversion de certains à associer le liquoreux et le lobe !
- Champagne pour presque tout le monde avec cette cuvée 3 C brut nature du Domaine Bourgeois-Diaz, six hectares et demi en biodynamie certifiée, du côté de Crouttes-sur-Marne, dans l'Aisne, à l'extrémité ouest de la vallée de la Marne. 3 C pour trois cépages, le pinot meunier, majoritaire (43%), le chardonnay (23%) et le pinot noir. Belle robe or pâle, effervescence épanouie et fine, nez plein de fruits, des secs, du coing, un brin de miel. Un régal en bouche, pleine de vivacité, charnelle, vineuse, avant une finale un brin crayeuse. Bref un très joli champagne à un prix raisonnable, dans les 25 euros chez votre caviste... nature !
- Autre vin bio voire nature, ce vouvray 2018 du Domaine de Beaumont, de Fabien Brutout et Mathieu Cosme, à Noizay, Indre-et-Loire. Ils ont créé cette gamme de vins nature Le Facteur su'l'vélo en 2013. Voyez l'étiquette... Le facteur du Jour de fête de Tati, dont on ne conseillera jamais assez le musée qui lui est consacré à Sainte-Sévère, dans l'Indre. Le vin ? Un chenin sec d'une grande pureté, citronné, abricoté, un brin mielleux, enveloppant et velouté en bouche, à la fois tendre et vif... Suivez ce chenin, c'est la bonne voie !
- Les deux bouteilles qui suivent (photo du haut et photo du bas) sont presque des collectors puisque les BerryCuriens, tels qu'on les connaissait, n'existent plus. Après vingt-quatre vendanges, les moines ont cédé leurs vignes. Créée en 1995, la société Les BerryCuriens, dont les membres revêtaient la robe de bure à chaque présentation de millésime, a vendu ses vignes situées en AOP Reuilly et Quincy. Les BerryCuriens ont, pendant plusieurs années, vinifié leurs vins dans les chais du Sentier du vin à Brinay (Cher), propriété de la maison sancerroise Joseph-Mellot, avant de confier les vinifications à Guillaume Sorbe, vigneron à Reuilly. Les vignes berrycuriennes de Quincy ont été rachetées par les frères Charpentier, vignerons reuillois, et celles de Reuilly par Damien Morand, vigneron à Valencay, dans l'Indre.
L'autre soir, chez des amis, nous avons donc ouvert cette Pierre de Quinciite 2014 et ce gris 2016, issu du pinot de la même couleur. Deux sublimes flacons qui ont su se bonifier avec le temps. Le sauvignon s'est arrondi, assoupli, développant des arômes de fruits exotiques, de pêches blanches mûres, de citron confit. Le gris, d'une incomparable finesse, sur des notes d'abricots surmûris et d'amande, enveloppant et soyeux, a laissé la bouche sur sa ... soif... On en aurait bien ouvert une autre mais cette bouteille était une orpheline ! Amen, les moines !
Les petites lampées reviennent bientôt...