11 Mai 2012
Véronique Raisin. Je l'ai rencontrée, la première fois, dans un TGV. Direction Avignon et un domaine de Châteauneuf-du-Pape pour un voyage de presse au cours duquel j'ai apprécié sa gentillesse, sa bonne humeur, sa soif... d'apprendre. Elle venait juste de créer son blog, Picrocol. Véronique Raisin a, depuis, tracé son chemin ... de vignes. Ce qu'elle dit d'elle ... « Dégustatrice, journaliste, auteur, blogueuse, un peu tout à la fois, dans l'ordre ou dans le désordre. Professionnelle depuis 2006, après les doigts dans les prises (passage chez l'Electricien de France) puis un séjour autorisée bancaire (ABN AMRO Bank). Parisienne pure jus, je fus initiée par un sommelier à la grande diversité du monde vinicole. J'ai la chance immense de parcourir le vignoble tout au long de l'année, de déguster et de rencontrer les vignerons. Avec des collaborations diverses – RVF, Bettane+Desseauve, Magazine Vigneron, iDealwine, Le Shaker, Terre de Vins … - et donc des approches différentes, sous l'angle de portraits, de notes de dégustation ou de sujets plus pédagogiques sur le vin, j'ai la possibilité de réviser ma géographie en permanence et de sonder les cœurs autant que les caves.» Joli, non ? Merci Véronique d'avoir pris un peu de temps pour répondre au questionnaire des ... Folles de vin.
- Le déclic ? Le premier verre ? Déclic tardif. En 2003, Château Sociando-Mallet 1998 me révèle l'âme des grands bordeaux. Mais vers quatorze ans déjà, quelques initiations familiales dans le cadre des grands rendez-vous liturgiques avec pouilly-fumé et sancerre essentiellement, me mettent le vin à la bouche.
- Une devise ? Pourquoi se contenter du médiocre quand on peut obtenir le meilleur ? On ne lira jamais tous les livres, on ne boira jamais tous les vins : il faut juste choisir ceux qui compteront.
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Pendant la campagne bordelaise des Primeurs, Château Margaux 2009. Dégusté in situ avec Paul Pontalier et Michel Bettane. L'émotion de Michel à ce moment-là, le sentiment d'avoir enfin trouvé le Graal, le rideau qui se déchire : l'incarnation du vin divin au fond d'un verre. Quelques gorgées pour un grand bond en avant : dans l'apprentissage, la compréhension du monde du vin, sa culture, sa dimension humaniste.
- Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Les cordonniers étant toujours mal chaussés, je m'applique à être le parfait exemple de ce qu'il ne faut pas faire en matière de conservation… La solution : écouler le stock au fur et à mesure, avec un bon turn-over de champagnes et quelques bons camarades autour. En résumé : un melting-pot(e) de bouteilles achetées dans les foires au vin, chez les vignerons, des bouteilles reçues aussi qu'il faut déguster. Un joyeux mélange où même si blanc sur rouge, rien ne bouge.
- Les trois coups de cœur du moment ? En charge des régions Jura, Savoie et Bugey pour le Guide Bettane & Desseauve, j'ai dégusté la majeure partie de ces vins au mois de mars dernier. Forcément, mon cœur va vers ces vignobles magnifiques, avec notamment :
- Côtes du Jura, Les Grandes Teppes 2010, Jean-François Ganevat, un chardonnay d'une précision diabolique, issu de vignes centenaires. Goûté sur fût, il révélait alors une profondeur inouïe, avec un nez grillé, un volume immense, la rencontre oxymorique de la minéralité et de la tendreté.
- Roussette de Savoie, Zulime 2010, Cellier des Cray, un domaine créé par Adrien Berlioz en 2006. Une altesse royale, pure et éclatante, à découvrir d'urgence ainsi que toute sa cour car c'est à mon sens une appellation sous-estimée.
- Redoma 2010, Niepoort, Vallée du Douro. Découvert lors du Concours Mondial de Bruxelles en mai 2012. Un rouge parfait d'équilibre, de suavité, à boire à grandes lampées.
Renoncer c'est choisir et vice-vertu, donc forcément je suis frustrée. Il y aurait du champagne aussi, beaucoup de champagne, les grands pinots bourguignons, les rieslings incisifs d'Alsace, les chenins ligériens et les grands cabernets médocains. Parce qu'un médoc, ça guérit de tout.