22 Novembre 2013
C'était le jour ! Eh bien moi j'aime aussi le gamay, comme j'aime l'accordéon, les casquettes de titi, les vestes à carreaux, les pantalons en velours, le jambonneau, les rillettes, la cancoillotte, l'andouille, les ambiances de zinc, les mâchons, l'ivresse gentille. Et je laisse l'ivreté aux épicuriens de salon...
Et donc, j'aime bien les vins primeurs, pour ce qu'ils sont mais aussi pour ce qu'ils apportent de bonheur simple, de joie partagée, d'occasions de fêtes chez les cavistes et dans les bistrots et de retrouvailles entre copains/copines !
Bien souvent, je ne suis pas dans ma bonne ville de Bourges, le troisième jeudi de novembre, mais en voyage. Mais, où que je sois, je ne rate jamais l'occcasion, de rentrer dans un bistrot ce jour-là. J'ai bu du beaujolais nouveau à Prague, à Venise, à Madrid, à New-York, sous les tropiques et à Paris, l'an dernier, dans le bistrot de Jacques Melac. Toujours de bons moments. Hier, donc, comme en 2011, j'ai fait un petit "Beaujolais Tour et autres primeurs", à Bourges.
A l'heure de l'apéro du midi, halte à la cave de Jean-Marc Collin, Aux Cépages de France, autour de quelques charcutailles fort sympathiques. Un touraine primeur et bio signé Gabrielle et Régis Dansault, l'Ouche Gaillard, à Montlouis : du fruit, un côté bonbon framboise/cerise, de la gourmandise, de la fraîcheur, une jolie mâche. Le gamay n'est pas l'apanache du Beaujolais !
Ensuite, le beaujo' primeur de la Cave du Père Manu d'Emmanuel Blanc, à Denicé : sur des pointes de bourgeons de cassis, un peu léger en bouche mais délicat. J'ai préféré, de la même maison, le Villages, plus profond, cassis et fruits rouges mûrs, et une finale longue, douce, enveloppante, très étonnante pour un primeur. Et, comme c'est le jour des primeurs de toutes les AOP, je n'ai pas résisté à un côtes-du-rhône, Le Vieux Clocher du Domaine Arnoux et fils, syrah et grenache, amertume gourmande et finale légèrement poivrée.
Jean-Marc Collin avait profité de l'occasion pour inviter le Domaine Pierre Fil, en Minervois. Rien à voir avec les primeurs… J'ai adoré la cuvée Orébus 2009 et la cuvée Dolium 2009 : deux vins amples, profonds, pleins, fruits noirs, confiture de mûres, tanins fondus, pas d'acidité, preuve que les vendanges se sont faites à maturité idéale du raisin. Un domaine à découvrir…
En route pour le Tocsin, en fin d'après-midi. Jacques Flouzat, fou de vin bios et naturels, proposent plusieurs primeurs. D'abord un "vin de France", la cuvée Prologue de Christian Ducroux, à Lantignier, non filtrée, sur un nez très nature mais sans déviance, notes délicatement amyliques, léger.
Deuxième vin de France, celui du domaine bio de Michel Guignier à Vauxrenard,
la cuvée Mélodie d'automne, non filtrée, légèrement trouble, sur un nez riche et complexe, un brin tannique en bouche, joli fruit et longueur salivante. Un de mes préférés. Pas mal non plus, dans un autre style, la cuvée Festivitas, en appellation Beaujolais Villages, sur du fruit rouge confit, plein de minéralité, légèrement tabac en fin de bouche, avec des tanins souples et fins. Enfin, la cuvée Kéké de Kevin Descombes, un beaujolais filtré, sur la cerise, avec une belle acidité, un vin joyeux, classiquement naturel, si l'on peut dire…
Un seul primeur à la Cave du Soleil, chez Thierry Lapoire, la cuvée Les Griottes de Pierre-Marie Charmette à Vaint-Vérand. Bio, non sulfité, voilà une cuvée qui porte bien son nom, avec ses notes de burlats, son ampleur en bouche et sa jolie finale, élégante et souple.
J'ai terminé au Caf'et Rouge, avec un copain fou de vins bios, rencontré à la Cave du Soleil. Un seul verre ! Raisonnable… Un beaujolais baptisé Louis de Vigne, proposé dans une bouteille de limonade, si, si... Sympa au premier nez et à la première gorgée, plein de mûres mûres, enveloppant, mais un peu lourd au final.
Quatre autres primeurs étaient proposés au comptoir autour d'assiettes de charcuterie. Soirée en musique. Beaucoup de monde, beaucoup de jeunes, une vraie ambiance étudiante. Et là encore du bonheur qui faisait plaisir à voir.
Vive le troisième jeudi de novembre !
J+1. Ce matin, j'ai également goûté, à la cave Crus et Cépages de Damien Hérault, deux beaujolais du domaine de la Poype à Charentay. Un primeur discret, joyeux, très … nouveau, qui va plaire à tous ceux qui cherchent dans le gamay fraîcheur et notes acidulées. Et un Villages, beaucoup plus construit, rond, tanins souples, sur des notes de mûre, là encore, avec une jolie mâche et un côté salivant qui donne envie d'y revenir. Enfin, j'ai terminé par un petit blanc, le muscadet Nouvelle Récolte de chez Sauvion, un gros négociant. Sec, plaisant, marrant, facile, citronné, on l'imagine à l'aise sur des prochains plateaux de fruits de mer...
Allez les grincheux, vivent les primeurs !