22 Octobre 2012
Bourges. Je l'avais prédit, prévu, et le ciel avec moi. Pendant que j'étais au soleil, à mater la Grande Bleue, à me régaler de vongole et d'un petit blanc frizzante - je fais court sur les petits bonheurs de la table sicilienne; pendant que je m'extasiais devant les théâtres romains, les baies de Cerfalu et de Taormine; que je cavalais sur les pentes de l'Etna et que je revoyais Syracuse la bella, les forêts d'ici " étaient en effervescence. Pensez, il avait plu beaucoup, il faisait doux et la lune était bonne ! J'ai su tout cela, bien sûr que des copines bien intentionnées m'ont expédié des MMS et des photos de paniers de cèpes. Je n'ose même pas vous dire à quels qualificatifs elles ont eu droit dans mon for intérieur... Je rêvais, la nuit, d'amanites des Césars, de girolles et de cèpes, de fistulines hépathiques ! Mes amis savent que le champignon m'obsède. Alors, évidemment qu'au retour, à peine posé le sac de voyage, j'ai échangé les mocassins pour une paire de bottes et, zou, direct dans mes chemins creux préférés. Bon, vous dire que j'ai été un peu déçu, la belle pousse était passée et il a fallu pas mal marcher pour rapporter quelques kilos de champignons. Encore heureux que les béotiens ne ramassent pas les bolets à pied rouge (boletus erythropus), mes préférés, quand ils ne foutent pas un coup de pied dedans. Récoltés aussi, pas mal de moussards, autrement dit cèpes de Bordeaux (boletus edulis), quelques bais (boletus badius), des orangés dits trimouilles (pour la soupe) et aussi un magnifique polypore en touffe (grifola frondossa) qui, en général, fait fuir même les aventuriers ...
On s'est donc régalés tout un week-end, on a fait des provisions pour cet hiver, les soupes et les bordeaux sont au congelo... L'autre midi, joyeuse tablée pour parler sicilien et solognot, autour de quelques bouteilles dont les trois suivantes, au choix...
- Un Cru Bourgeois du Médoc 2009 de Château Escot, seize hectares, propriété de la famille Rouy, aujourd'hui dirigé par Bruno, sous les conseils de l'incontournable Michel Rolland. Derrière une étiquette orange très pétante, un assemblage de cabernet sauvignon (70%) et de merlot (30%) et un vin presque aussi velouté que la soupe de cèpes, sur des notes légèrement animales et des tanins flatteurs. Et probablement qu'il aurait pu attendre quelques années sans souci.
- Un coteaux-du-languedoc, le Colombier 2010, de Château Capion, quarante cinq hectares sur les rives du Gassac, à quelques encablures de la magnifique cité de Saint-Guilhem le Désert. Nous sommes là sur du viognier (65%) et de la rousssanne (35%), passés huit mois en barriques. Floral, rond, flatteur, avec une jolie mâche sur des pointes de vanille et d'amande.
- Côtes-du-Rhône blanc 2009, de Château Saint-Roch, domaine appartenant à Maxime et Patrick Brunel, par ailleurs propriétaire de Château La Gardine, à Châteauneuf-du-Pape, quarante hectares du côté de Roquemaure. Grenache, clairette, roussanne et viognier, pour un blanc particulièrement soigné, très aromatique, dense et nerveux, sur des notes florales et d'agrumes, plein et flatteur. On aime ici beaucoup les blancs du Rhône, quand ils ont ce talent-là !
Les petites lampées reviennent bientôt...