2 Février 2012
Bourges. Retour des petites lampées, en stand-by depuis quelques temps pour cause d'avalanche de Fous de vin... Aujourd'hui, c'est que bordelais, avec un jeu de « belles quilles » - je copie. On commence par les jolis crus proposés il y a quelques semaines à Paris, avant et pendant le déjeuner de presse de Lot18, auquel assistaient deux stars du Libournais, Thibault Decoster (Château la Commanderie et Clos des Jacobins) et Hubert de Boüard (Château Angélus). On a commencé (je dis "on", car nous étions plusieurs à suivre cet ordre-là), par les 2005 des propriétés de Thibault Decoster. 2005, pas la grande année du clos-des-jacobins, classique, tendre, contrairement à l'autre Saint-Émilion Grand Cru, La Commanderie, dense, plein de fruits rouges, concentré mais pas trop, épicé et long. Il devrait pourvoir attendre encore quelques années avant de donner tout ce qu'il a dans le... ventre.
Pour suivre, le Carillon d'Angélus 2009, second du Premier Grand Cru, vin très en chair, on en a plein la bouche, sur une jolie trame tannique, des notes d'élevage, du fruit et des épices discrets. Si on pouvait encaver la caisse... Et une autre d'Angélus 2007, s'il vous plaît ! Là on tombe dans le sublime ou presque, si, si, avec du fumé, une belle acidité, des cabernets généreux, un complexe bouquet d'épices, une générosité inouïe et aussi des notes boisées qui devraient encore se vautrer davantage dans le velours avec le temps...
Après Saint-Émilion, Saint-Estèphe et les Pagodes de Cos 2007, là encore un second vin réussi, celui de Château Cos d'Estournel, proposé dans le petit millésime 2002, juste derrière. Voilà pourtant un beau vin, sur un nez explosif, notes de torréfaction, de petits fruits noirs bien mûrs et de marc. Il est où l'agneau de Pauillac ? Pas sur la table, dommage ...
Quelques jours plus tard, à la maison, j'ai sorti pour une dîner entre copains, autour d'une pièce de bœuf cuite dans la cheminée et escortée d'une poêlée de pommes de terre (du jardin) et de champignons (de Sologne), deux autres bordeaux. Un médoc, Cru Bourgeois, Château Haut-Maurac 2006 et un moulis-en-médoc, Château Duplessis 2007, médaillé au Concours général.
Haut-Maurac, un peu plus de vingt hectares sur la commune de Saint-Yzans-de-Médoc, est la propriété d'Olivier Decelle, l'ancien pdg des surgelés Picard, reconverti dans le vin, qui a fait de Mas Amiel ( Maury) le magnifique domaine qu'on connaît aujourd'hui. On est là sur du cabernet sauvignon (60%) et du merlot et un vin élevé un peu plus d'un an en barriques, dont un tiers de neuves. Fruits rouges, épices au nez et en bouche, souple, ne manquant pas d'élégance. Vin bien fait, à boire dès aujourd'hui. (Dans les 12 euros).
Château Duplessis, une vingtaine d'hectares en culture raisonnée, appartient à Marie-Laure Lurton, la fille de Lucien, propriétaire de deux autres châteaux du Médoc. On lit: « 74,8% de merlot, 9% de cabernet sauvignon, 14,8% de cabernet franc et 1,4% de petit verdot. Élevage en fûts de chêne. » Ce qui ne se sent pas trop. En fait un vin assez léger, sur de fines notes de sous-bois et de zan, souple comme une robe de mousseline, manquant peut-être un peu de matière, mais que "nos" femmes ont bien aimé...
Enfin, the last but ... Retour à Saint-Estèphe, hier midi, Château Lafon-Rochet, dont les quarante hectares d'un seul tenant, appartenant à Michel Tesseron, s'étirent autour d'une magnifique chartreuse jaune dont je suis fou et fan depuis des années. C'est à vendre, la petite maison ? On est là à deux pas de Château Lafite et pas très loin de Cos. Contrairement aux autres millésimes, c'est le cabernet sauvignon (55%) qui domine ce 2008, associé au merlot (40%), le reste se partageant entre cabernet franc et petit verdot. Joli boisé, nez sur la cerise noire, belle structure. Un très beau vin, sérieux et viril, qui devrait devenir un très grand vin au fil du temps. On se revoit dans dix ans, chiche !
Les petites lampées reviennent bientôt...