5 Janvier 2014
Mélaine Payzal. Pendant quatre années, de 2003 à 2007, j'ai très souvent croisé la pétillante Mélaine au cours de mes balades dans le mondovino, elle travaillait alors pour le Bureau intreprofessionnel des vins du Centre-Loire. « Une expérience capitale pour moi », confie-t-elle aujourd'hui. A trente-six ans, et au terme de nombreuses pérégrinations, Mélaine Payzal a posé ses valises dans le Gers et ouvert, à Lectoure, en mars 2013, Le Rouge Gorge, un restaurant/brocante/cave à vins, un projet qu'elle nourrissait depuis plusieurs années. « J'aime le vin, confesse-t-elle, mais je ne suis pas vigneronne, j’avais besoin de me réaliser autrement. Par la cuisine, je crée. Avec Le Rouge-Gorge, je cherche à façonner un endroit qui me ressemble… et je suis plutôt contente du résultat jusqu’à présent ». Je vais bientôt venir te faire une bise, Mélaine. En attendant, merci d'avoir rejoint le club des Folles de vin...
- Le déclic ? Le premier verre ? Le déclic a eu lieu à Londres en buvant un gewürztraminer de la Maison Hugel, 1997. Je dois préciser que, hélas, autant pour la cuisine que pour le vin, je n’ai eu absolument aucune éducation ou transmission de mes parents ou autres aïeux. J’ai du trouver ma vocation toute seule et ça m’aura pris un peu de temps. Donc, à vingt-trois ans, je commençais à m’intéresser au raisin fermenté; je poussais une porte de la connaissance, il y en avait dix derrière. Je me suis dit qu’il fallait que j’y consacre un travail salarié à temps plein pour en connaître un minimum. En Angleterre, c’est beaucoup plus facile qu’en France – en tous cas à cette époque-là. J’ai travaillé deux ans chez le caviste Oddbins, puis retour en France en 2002. J’ai alors repris mes études à l’Université du Vin de Suze-La-Rousse.
- Une devise ? Pas de devise ! Disons que j’essaie de faire les choses sérieusement sans me prendre au sérieux.
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Entre 2010 et 2012, j’ai souvent dégusté avec ma section de l’UDSF, celle de Poitou-Charentes. Nous avons accompli de superbes visites et quelques voyages, dont la Rioja, la Ribera del Duero... C’est toujours stimulant de déguster avec des professionnels expérimentés et talentueux. Et dans la bonne humeur qui plus est…
-Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Armoire. Je propose pour l’instant une soixantaine de références au Rouge-Gorge, à emporter ou consommer sur place avec un droit de bouchon de 8 euros. Des vins du Sud-Ouest, bien entendu, mais également de la Loire, du Rhône, du Roussillon,…
- Les trois coups de cœur du moment ?
. Ici, le "Vin de la Maison", c’est du sancerre, bien entendu ! Celui du Domaine Chotard Daniel et Brigitte (et leur fils Simon, depuis deux ans) à Crézancy. Blanc, rosé comme rouge. Ce sont des sancerres classiques et admirablement bien faits qui permettent moult accords – culinaires et musicaux (pour ceux qui connaissent ces vignerons). Assurément, on sent dans leurs vins tout l’amour qu’ils y mettent.
. Plus localement, j’apprécie beaucoup le manseng sec, Esprit passion, du Domaine de Magnaut, situé à Fourcès, un charmant petit village proche de Condom. C’est un vin surprenant pour un côtes-de-gascogne, sec et gras, avec des arômes de fruits confits, exotiques et épices douces. Avec toute la délicatesse et la fraîcheur que peut apporter le petit manseng. Top sur des plats sucrés/salés.
. Enfin, je propose plusieurs vins du Domaine Pierre Cros dans le Minervois ; je suis fan de son Vieilles Vignes, un succulent breuvage tiré de carignans centenaires puis passé six mois en barriques d'un vin. Très complexe, souple et puissant à la fois, le bouquet explose en notes de fruits noirs et épices. Un véritable régal pour les papilles ! Hélas, il n’y en a plus pour l’instant, il faudra attendre la prochaine mise - au printemps je crois.