Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Fous de vin d'Alain Fourgeot

Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...

Les poètes du vin existent, j'ai trinqué avec eux !

Poèmes. 

Les buveurs d'eau sont gens à plaindre/C'est pour eux que les dieux réservent tous les maux/ Seul, le vin fait s'enfuir les soucis, l'humeur noire/ Et pour quelques-uns qui murmurent après boire/Des fatigues de guerre et de la pauvreté/ Combien Bacchus, te rendent grâce ! 

C'est de Monsieur Horace cette petite chose là... Cité par Henri Bernet dans son Anthologie des poètes du vin (Éditions IAC) paru dans les années 1950, Prix Paul Verlaine de la Maison de la Poésie en 1958...

J'ai retrouvé ce tout petit bouquin pendant le réaménagement de ma bibliothèque, me souvenant qu'il m'avait été offert il y a quelques années par un ami fouineur de rayons de bouquinistes: merci Patrice. 

Sully-blanc-37.5-cl.jpgNunc est bibendum ! Fort du mot de poète, j'ai décidé de relire cet ouvrage accompagné d'un verre de la Cuvée Sully du Château de l'Aumerade, AOC Côtes-de-Provence (*), 100% rolle, au nez de pêche et d'agrumes, assez gras pour accompagner des pistaches, assez frais pour saluer le retour du soleil, bien sous tout rapport. « Par le Roy, j'en jure oncques ne vit vin plus délectable ! » selon la formule du Duc de Sully, Premier ministre d'Henri IV, qui planta le premier mûrier de France et les platanes de la cour du château de l'Aumerade. Du moins c'est que la petite l'histoire raconte.

Cette phrase ne figure pas dans cette anthologie. Qui commence en 1345 par quelques rimes d'Eustache Deschamps, pour finir par un poème presqu'anonyme, signé HB... comme Henri Bernet. Entre temps, on y croise évidemment François Villon, Clément Marot, Ronsart, Rabelais, du Bellay, Chénier, Voltaire, de Nerval, Musset, Baudelaire... sans oublier des poètes provinciaux et des rimailleurs dont les noms m'étaient jusqu'alors inconnus.

Panard.jpgComme ce sieur Panard (1694-1765), « auteur d'opéras comiques et de comédies, qui, à l'imitation de Rabelais enfermant quelques vers dans la dive bouteille, écrit sous la forme d'un flacon ventru, un poème intitulé... La Bouteille.» On y retrouve aussi la chanson de Sganarelle et les mots de Molière: « Qu'ils sont doux/Bouteille jolie/Qu'ils sont doux/Vos petits glouglous!/Mais mon sort ferait bien des jaloux/Si vous étiez toujours remplie/Ah! bouteille, ma mie/Pourquoi vous videz-vous? »

Et puis Baudelaire dans l'Âme du vin: « Un soir, l'âme du vin chantait dans les bouteilles:/Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité/Sous la prison de verre et mes cires vermeilles/Un chant plein de lumière et de fraternité! ». Et le même, dans le Vin des chiffoniers: « Pour noyer la rancœur et bercer l'indolence/De tous ces vieux maudits qui meurent en silence/Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil/ L'Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil.» Du vin pour trinquer, à la manière de Béranger (1760-1857): « D'abord nous trinquerons pour boire/Et puis nous boirons pour trinquer.»

(*) La Cuvée Sully est vendue en bouteille de 75 centilitres et en flacon de 37,5 centilitres. Respectivement 9,30 euros et 5,80 euros chez les cavistes.



Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article