4 Novembre 2013
Bourges. J'entends déjà des cris d'orfraie ! A cause du mot primeur ou nouveau. C'est tous les ans la même chose, les antis et les pros, ceux qui détestent le gamay et ceux qui ne détestent pas, ceux qui ne veulent que du "nature" et ceux qui n'en veulent pas, vont s'écharper sur les réseaux... On les laisse à leurs débats ! La sortie du beaujolais et autres AOP, c'est pour le troisième jeudi de novembre, cette année le 21, mais il y a déjà trois semaines que les primeurs IGP, les vins de pays comme on dit encore parfois, sont sortis. Des vins à boire pour ce qu'ils sont et pour ce qu'ils coûtent. Nous autres avons ouvert un ardéchois blanc avant de partir pour un mâchon prévu comme un entracte au milieu d'une "journée bois" au marais, la cuvée Orélie des Vignerons ardéchois, du sauvignon assemblé à du chardonnay. Nez fleuri, notes un peu variétales, léger et frais en bouche, « légèrement perlant »... 3,75 euros ! Ensuite, autour d'un joli feu sur lequel grillaient cotelettes de porc, boudin et saucisses, on a sorti du sac le gamay primeur de la Cave Lablachère. Le beaujolais n'a qu'à bien se tenir ! Souple, parfumé, acidulé comme un bonbon. Et du plaisir simple pour 3,45 euros !
Le soir on est passé à tout autre chose, avec le crozes-hermitage 2011, les Hauts du fief, une des cuvées parcelaires de la Cave de Tain, dont ont a goûté il n'y a pas si longtemps l'Esprit Granit. Au menu, un bout de bœuf saignant et encore des champignons. Cèpes, ci-dessus, et trompettes, ci-dessous... De la syrah, là encore, parfaitement maitrisée. Un vin plein de jus, sur un nez complexe et séduisant, des notes de poivres en fin de lampées désaltérantes et fraîches. La Cave de Tain est vraiment une valeur sûre. 13 euros.
Avec les trompettes, ce pic-saint-loup 2010, du Château La Roque. « Pour tirer les vins vers le haut », les propriétaires Jacques Figuette et Cyriaque Rozier, qui ont repris le domaine en 2006, ont fait le choix de la biodynamie. Cette cuvée Cupa Numismae ( hommage aux pièces d'or déouvertes sur le domaine), est le fruit d'un assemblage de syrah (65%) et de mourvèdre. On l'a carafé une heure avant de le servir. Non filtré, élevé dix-huit mois en fûts, sur un nez de fruits noirs, équilibré comme un file-de-feriste, entre notes toastées et cacaotées, il s'est bu comme une gourmandise. 16 euros.
Pour l'apéritif, avec quelques tranches de pain grillé et un morceau de foie gras, on était en Alsace, avec ce gewurztraminer 2007, la cuvée Steingold des Vignerons de Pfaffenheim. C'est un assemblage de deux Grands Crus, Steinert et Goldbert, qui se situent respectivement sur les communes de Pfafffenheim et Gueberschwihr. Énorme au nez, notes de muscat surmûri, poires confites, épices, cumin voire safran ; généreux et long en bouche, sur les fruits exotiques et le pain d'épices. Le foie gras lui dit merci... Dans les 10 euros, me semble-t-il.
Changement de décor pour terminer avec ces trois bordeaux, partagés avec des amis ces dernières semaines. D'abord un pauillac 2002 de Château Pontet-Canet, cinquième Grand Cru Classé, propriété de la famille Tesseron. Du cabernet-sauvignon (65%) associé au merlot (32%), avec une touche de cabernet franc (2%) et de petit verdot. Un vin encore très fringant, tout en élégance, finement épicé, sur un nez de confiture de cassis, à la bouche veloutée, peut-être un peu court mais extrêmenent séduisant....
Ensuite un haut-médoc 2003, Château La Tour-Carnet, propriété de Bernard Magrez depuis 1999. Là encore c'est le cabernet-sauvignon (55%) qui domine, assemblé au merlot (37%) au cabernet franc (6%) et au petit verdot. Nez sur les fruits noirs cuits, des notes de tabac et de moka, pointes d'humus, d'une bonne tenue en bouche, long et assez soyeux, sur une finale légèrement cacao. On aurait du l'ouvrir avant le moulis-en-médoc 1999 de Château Poujeaux, austère dès l'ouverture, manquant un peu de tenue et un brin dépenaillé...
Les petites lampées reviennent bientôt...