11 Mai 2021
BOURGES. Un grand guide de vin portant le nom d'une grande maison d'édition, suivez mon regard, a écrit, il y a quelques années, qu'à Reuilly, le « pinot gris fournit un rosé de pressoir tendre et délicat, qui risque de disparaître, supplanté par le pinot noir dont on tire également d'excellents rosés, plus colorés... » . Une belle bêtise, pour rester poli. Non seulement le pinot gris n'a pas disparu mais on en a replanté et le rosé dont il est issu n'a jamais eu autant de succès...
Réparti sur l'Indre et le Cher, le vignoble de Reuilly s'étant sur quelque 290 hectares* cultivés par quarante-trois producteurs*. Les gris sont, pour la plupart, issus d'un pressurage direct, parfois, ou, plus rarement, d'une saignée avec macération de quelques heures, d'où des robes claires, légères. Les fermentations sont ensuite conduites de la même manière que les blancs, en contrôlant les températures.
J'ai plusieurs fois ici évoqué les gris de Reuilly et notamment celui de Jacques Vincent, à Lazenay, toujours très demandé sur mes tables estivales. Mais vous avez le choix, les gris sont rarement peu recommandables...
Aujourd'hui, je vous propose de goûter cette cuvée les Fossiles 2020 de Denis Jamain qui a converti ses vignes à l'agriculture biologique en 2007 puis à la biodynamie en 2011, certifié par Demeter.
Ouvert sur des asperges vertes, accord difficile, juste poêlées à l'huile d'olive, ce gris offre une robe très pâle aux reflets légèrement argentés, un nez très intenses de petits fruits rouges mêlées à des notes de brugnon relevées de pointes exotiques. Légère amertume, délicate, à l'attaque, bouche ronde toute en finesse, d'une grande fraîcheur, finale légèrement épicée sur un fond de fines herbes. Un régal pour 13,50 euros.
* Chiffres 2020 donnés par le Bureau interprofessionnel des vins du Centre)-Loire.
- Changement de décors avec cette cuvée du Château Ferry Lacombe, cent trente hectares de forêt et de vignes, dans la vallée de l'Arc, entre Aix-en-Provence et Saint-Maximin-La-Sainte-Beaume, dans un décor magnifique. Un rosé dégusté chez des amis, à l'heure du déjeuner, pour escorter une délicate mousseline d'asperges et de crevettes. Un assemblage de grenache, cinsault et de syrah, me souffle-t-on dans l'oreille, en même temps que le prix, dans les 9 euros... Assez représentatif des rosés du coin, avec sa robe claire, ce 2019 s'est probablement bonifié en bouteille, développant un nez franc, un peu de fraise écrasée, des bonbons, des notes fleuris et une bouche ample et ronde et désaltérante...
- Ça vous changera du spritz ! Voici des bulles italiennes, un proseccco rosé DOC 2019 extra sec, distribué par la marque Riccadonna dans les grandes surfaces. La fiche technique, livrée avec en même temps que la bouteille, indique qu'il s'agit d'un assemblage du cépage gléra (85%) et de pinot noir et qu'il est issu d'une double fermentation, la seconde ayant lieu selon la méthode Charmat » à savoir que la prise de mousse se déroule dans une cuve sous haute pression. On l'a ouvert à l'apéro avec des amis italiens dans l'attente des raviolis épinard/parmesan faits maison... Robe pâle, bulles remontant rapidement pour former un tapis moussant, nez rappelant une friandise, le bonbon à la pomme verte, la fraise, le tout mêlé à des notes florales. L'attaque vive, et percutante est titillée par de légers amers qui conduisent vers des agrumes. Ça vaut dans les 8 euros, c'est peu alcoolisé, onze degrés, et ça se boit très frais en rêvant d'Italie...
Les petites lampées reviennent bientôt...