16 Avril 2021
- Il y a longtemps, alors que je lui avouais mon faible pour le gamay, autour d'une table de dégustation, une sommité du Mondovino et de la presse spécialisée m'a lancé qu'il n'aimait pas les rosés issus de ce cépage « uniquement bon à faire du beaujolais » (sic). C'est évidemment son droit le plus strict. Moi, je réitère, j'aime le gamay... fût-il vénifié en rosé comme c'est le cas ici avec ce... beaujolais du Domaine Franck Chavy. Un nouveau défi pour ce vigneron réputé pour ses rouges. « La précision exigée et la créativité nécessaire pour réussir ce rosé, pour surprendre nos clients, leur faire découvrir et apprécier ce vin, rend notre métier véritablement passionnant. explique-t-il. Depuis plusieurs années, je fais des vins rouges sans sulfite, cette expérience semble montrer que le soufre, en se combinant aux molécules du vin, a un impact important. Sans sulfite, les vins sont frais, complexes, les arômes fins et soyeux, mais les vins rouges étant protégés par les polyphénols, qui vont les aider à supporter les effets des sulfites et de l'oxygène, la question est donc de savoir quelle est l'influence des sulfites sur un vin plus fin, sans charges phénolique, comme le rosé. ». Et la réponse est ? « Les rosés sont beaucoup plus sensibles à l'oxydation ce qui rend l'exercice du sans sulfite très complexe car il faut maitriser l'oxygène avec précision, à tous les stades de l'élaboration, car c'est le taux d'oxygène final, dissout dans la bouteille, qui va garantir la qualité du vin et son potentiel de garde » explique encore Franck Chavy. Résultat ? Un joli vin qui offre, dans une robe éclatante aux reflets soutenus, un nez complexe et frais, à la fois floral et herbeux, des notes de petits fruits rouges et d'épices douces que l'on retrouve en bouche, de belle envergure. Une gourmandise à s'offrir pour moins de vingt euros.
- Virée virtuelle dans le Sud avec ce rosé de la gamme Inopiné du Domaine de Maslauris, dans le Luberon où les douze hectares de vignoble sont conduits en agriculture biologique. Ce 2020 est un assemblage de grenache noir (40%), de mourvèdre (30%) de syrah (20%) et de cinsault, issus de « sols sablo-limoneux et cailloutis ». Le domaine annonce par ailleurs « un pressurage doux et progressif, une stabulation à froid avant fermentation alcoolique certifiée vinification biologique, un élevage sur lies fines de quatre mois et une mise en bouteille en sortie d'hiver, en respectant le calendrier lunaire pour préserver un maximum le potentiel aromatique » ... Une robe très pâle aux reflets gris, un joli nez, pimpant et fruité, pointes discrètes d'agrumes. Belle attaque en bouche, beaucoup de fraîcheur et quelques traces d'épices dans une finale plaisir et revigorante. Dans les 13 euros.
- Passons du rose pâle au blanc, du Sud à la Bourgogne, avec ce chablis Premier cru Fourchaume 2018, du Domaine Jean Durup. Vous aurez compris que nous parlons de chardonnay, ayant subi ici « une fermentation alcoolique lente puis une fermentation malolactique en cuve avant un élevage de dix à huit mois en cuve ». Ouvert à l'heure de l'apéritif, sur un carpaccio de haddock citronné ... Une robe or clair, un nez expressif, mariage du floral et du fruité, chèvrefeuille, agrumes et fruits blancs, une touche d'amande fraîche. Attaque très vive, sur des notes citronnées et une légère amertume rafraîchissante en milieu de bouche avant une finale respectable...
- J'ai déjà évoqué ici à plusieurs reprises la maison Vidal-Fleury, producteur et négociant-éleveur, située au cœur du vignoble de la Côte-Rôtie, qui propose une très large gamme de vins dans une vingtaine d'appellation et dans les trois couleurs... On a ouvert l'autre soir ce côtes-du-rhône 2017, assemblage de grenache (65%), de syrah (20%), de mourvèdre (10%) et de carignan, entre autres. Ça vaut dans les 7,50 euros. La robe est sombre comme comme de l'encre, le nez très complexe, vous verrez, une sorte de pochette surprise, des cerises mûres, du sous-bois, de la réglisse, du cacao, du poivre ... Bouche sudiste, un brin tannique, ample, après une attaque vive et fraîche et avant une finale sur des notes de confitures de baies noires voire de pruneaux cuits...
- On termine cette série avec un blanc du Domaine de la Mongestine, apporté par une amie sudiste pour un apéritif plein de soleil... Derrière l'étiquette marrante de cette cuvée Bob Singlar (pas le DJ, singlar veut dire sanglier en provençal) 2020 se cache un assemblage, cinquante cinquante, de vermentino « en sous maturité » et de roussane orange, élevé en cuves intox et non filtré. « Un vin bio, vinifié naturellement sans adjonction de soufre, levures ou autres produits œnologiques, ayant subi une fermentation malolactique totale » précisent Céline et Harry Gozlan. Et quoi ? On a adoré ce vin légèrement trouble, d'un jaune un peu pisseux, qui cache de magnifiques effluves de fleurs et de fruits blancs, des agrumes, et qui se boit comme du petit lait car d'une totale légèreté et d'une grande fraîcheur, peu alcoolisé, dans les dix degrés... Réjouissant, oui, c'est le mot que je cherchais !
Les petites lampées reviennent bientôt...