25 Octobre 2020
BOURGES. Oui, il y a eu une belle poussée de cèpes en Sologne... Des boletus de toutes sortes. Mais on a trouvé aussi des girolles, des coulemelles, des fistulines hépatiques, quelques chanterelles grises, des clitocybes améthyste ou laqués, autant de champignons que vous n'êtes pas obligés d'écraser si vous ne les connaissez pas ... Sans oublier les oreilles de peuplier (pholiotes) sur les rives du canal de Berry... Pour accompagner une belle cuisine de cailles en crapaudine, cuites au tepanyaki, escortées de quelques cèpes de bordeaux (boletus edulis), juste coupés en deux et grillés à l'huile d'olive, ce mâcon-pierreclos 2017 des Vignerons Terres Secrètes, une cave de la Bourgogne du Sud, du côté de Solutré, la colline chère à François Mitterrand. Cent-vingt vignerons en développement durable. Un gamay, issu de sols granitiques et sablonneux, récolté à maturité. Cuvaison d'une vingtaine de jours, élevage de douze mois en cuves avant la mise en bouteille. Robe grenat foncé, nez plein de fruits rouges mûrs, notes florales... Ça gamay...tte grave en bouche, gourmande et acidulée, les tannins sont présents mais caressants, la finale longue... Ça vaut 9 euros ! Et ça les vaut...
- À table, on a ouvert un graves 2016 de Château de Chantegrive, un des fleurons de l'appellation, près de cent hectares, propriété de la famille Lévêque, conseillée par Hubert de Boüard, oui le monsieur d'Angélus... On connaît bien Chantegrive ici, et on a eu très souvent l'occasion de déguster ses vins, toujours impeccables. Confirmation avec ce 2016, assemblage à parts égales de merlot et de cabernet sauvignon, élevé douze mois en barriques dont 50% neuves. La robe décline les nuances du rubis, le nez offre la discrétion de l'élégance née, avec ses notes de violette, de tabac blond, de fruits rouges, de grillé et d'épices, la bouche est équilibrée et fraîche, les tannins ont oublié d'être rugueux, la finale donne envie d'y revenir... On y reviendra. (Dans les 15 euros).
- Autre soirée, autre table, chez des amis, ces tartelettes d'andouillette escortées par la cuvée les Glaneurs 2018 du Domaine les Foulards rouges. Je vous livre ce qu'on peut lire sur le site, des fois que vous n'ayiez pas le courage de cliquer dessus. « Après avoir vinifié de 1989 à 2001 pour la cave des vignerons d’Estezargues (Côtes du Rhône), Jean-François Nicq achète avec un ami d’enfance Bijan Mohamadi (prof de math à la faculté de Montpellier), un domaine viticole dans les Pyrénées-Orientales. Ils le baptiseront Domaine des Foulards rouges, souvenir de leur passé militant et en hommage à Fréderic Fajardie, auteur de polar néoréaliste et d’une saga révolutionnaire humaniste les Foulards rouges. C’est ainsi que voit le jour du 1er janvier 2002 le domaine. Le choix du bio et nature s’impose comme une continuité de l’expérience de la cave d’Estezargues. Les vignes sont converties en AB des la première année et la vinification est naturelle, soit sans intrant si possible (levure indigène, pas de souffre, ni filtration, ni collage). Les mises en bouteilles se font manuellement et par gravitées (pas de pompe). Le domaine de neuf hectares en 2002 a grandi suite à quelques plantations et quelques fermages supplémentaires. Il a actuellement une surface de quinze hectares et produit bon an mal an 30.000 bouteilles. » Et plusieurs cuvées dont les Glaneurs, 100% grenache, issu de sols granitiques. De mémoire, je n'ai pas pris de notes, une belle robe brillante, un nez juteux sur les fruits noirs, un peu floral, quelques pointes de moka et de bois. Bouche fraîche, on est dans le gouleyant, le naturel, la gourmandise, dans la « belle buvabilité » a avancé mon voisin... Voilà, buvons !
- Même endroit, dans la foulée, ce haut-médoc 2006 de Château Camensac, un assemblage de cabernet sauvignon (55%) et de merlot. Le copain avait des craintes : « Peut-être qu'il va être usé ». Que nenni ! Quatorze ans, c'est quoi, pour un camensac ? Une belle robe développant le pourpre, un nez complexe et avenant, du grillé derrière du fruit compoté, quelques épices de souk discrètes. En bouche, de la fermeté dans un gant de velours, du gras escorté d'une belle acidité, une finale pleine de caractère. Il en a encore sous le bouchon, vous pouvez encore l'attendre... On l'a terminé sur de moelleuses poires aux vin et aux épices...
- Retour à la maison, il y a encore des cèpes, aujourd'hui cuits debout, en terrine, arrosés d'huile d'olive, brins de thym et laurier, pour batifoler avec une pièce de bœuf bleue... Tiens, pourquoi pas, une syrah ? Va pour cette cuvée Mosaïque 2019 du Domaine Pichon. Je lis que depuis quelques années, Christophe Pichon, aujourd'hui aux manettes de ce domaine familial, travaille la vigne sur les hauteurs de Vienne pour créer deux appellations en Vins de Vienne/Seyssuel, dont cette syrah parfaite, élevée en fûts de trois ou quatre vins, à la robe rubis sombre, très marquée par les baies sauvages mûres, les épices, le grillé. La bouche, soyeuse, confirme ce que le nez avait soupçonné, dévoilant de surcroît un côté poudre de chocolat avant une finale salivante, fraîche et persistante... Dans les 26 euros.
Les petites lampées reviennent bientôt...