13 Mai 2020
BOURGES. Parce que, oui, on sort d'un printemps difficile, douloureux, confiné et que, via une case hivernale, on va tout doucement vers l'été, en espérant y arriver en bon état, on a ici décidé de mettre du rosé dans le décor. Avec des fraises de France, mangées, dévorées, comme ça, croquées comme de vraies gourmandises. C'est un rosé de Provence 2019 de Château de l'Aumerade, propriété de la famille Fabre. On n'est jamais déçu avec leurs vins. Leur emblématique cuvée Marie-Christine frôle toujours l'excellence et les autres cuvées itou. Ici un des trois flacons de la gamme Style. La bouteille est joliment sérigraphiée. Le dessin rappelle les fameuses tomettes provençales. L'assemblage est lui aussi typique de la région. Du cinsault (45%), pour le fruit, du grenache (29%) pour la caresse, de la syrah (26%) pour le caractère. Voilà donc un rosé sympa, aromatique, fruité, un peu de fraise, évoquant la garrigue et les cigales, croquant au palais, un brin acidulé, plein de fraîcheur. Dans les 9,50 euros.
- Du blanc maintenant. Et l'un des trois oiseaux de Chantegrive, appellation Graves, dont je vous ai causés ici il y a quelques semaines. Aujourd'hui, la Pureté, symbolisée par l'egretta garzetta, traduisez l'aigrette garzette, grande amatrice de ces fruits de mer qui appellent le sauvignon. Dans ce 2018 il est assemblé au sémillon (60%). L'assemblage est élevé en cuves sur lies fines pendant six mois. Robe or aux reflets vert tendre, du citron bergamote, de la pêche, des agrumes, une bouche alerte et gourmande. Oui, coquillages et crustacés, BB ! Dans les 10 euros.
- Oui, j'aime le gamay, je ne cesse de l'écrire. Donc les vins du Beaujolais en général et ses crus en particulier. Voici un moulin-à-vent 2018 de ... Château du ... Moulin-à-Vent, trente hectares pour 91 parcelles en culture raisonnée. Propriété depuis 2009 de la famille Parinet. Que dit le domaine de cette cuvée Terrasses du château ? « Vendanges manuelles, 40% de grappes entières, trois semaines d'extraction, élevage de quinze mois en cuves inox.» Robe grenat foncé, joli nez sur la vendange mûre, la myrtille, la confiture en cuisson, un brin de sauvagerie autour de la violette. Bouche en phase, charnue, gourmande, tapissante, avant une finale légèrement amère et poivrée. 14 euros notamment chez Monoprix.
- Du gamay à jus blanc, encore et encore, avec ce fleurie 2014 du Domaine Louis Leyre-Loup, habitué aux petites lampées. Des vignes de quarante ans et plus, plantées sur les terroirs granitiques et des sols maigres sableux, exposés Sud/Sud-Est, des vendanges manuelles, un égrappage partiel, une lente macération semi-carbonique à basse température, un élevage en cuves inox ... Voilà brièvement pour la technique. Côté dégustation, on parle de rubis pour la robe, d'un nez complexe, cerises noires, notes de marc, d'une brassée de fleurs avec de la pivoine au milieu; d'une bouche structurée, bavarde et aérienne, pleine de fruits au retour, avant une finale fraîche et salivante. Dans les 13 euros.
- On termine cette balade du côté de la Savoie, dont les vins ne me sont pas tellement familiers. Pour parfaire mon éducation, on m'a envoyé cette cuvée La Belle Violette 2018 du Domaine Philippe et Sylvain Ravier, une quarantaine d' hectares sur diverses communes et appellations. C'est de la mondeuse, un cépage noir typiquement savoyard, qui existait aussi jadis en Auvergne. Les vignes de soixante-dix ans sont plantées à Chignin sur des sols d'argile rouge. Les Ravier expliquent : « Après un tri minutieux, la vendange est entière, puis encuvée par tapis (...), les macérations sont de deux à trois semaines, pas de piégeage ni de délestage, la fermentation alcoolique dure une quinzaine de jours et s'enchaîne ensuite la seconde macération malolactique qui se fait généralement sur marc .» Le résultat est ... savoureux. Derrière une robe sombre aux reflets atramentaires, un nez séduisant, complexe, du pruneau, de la violette, une macération de baies sauvages, des épices, le tout dansant la farandole en bouche, croquante et dynamique. Un vrai plaisir pour moins de 9 euros. Et un accord quasi parfait avec le magret de canard saignant saupoudré de fleurs de thym ...
Les petites lampées reviennent bientôt...