16 Mars 2020
BOURGES. Comme il n'est pas encore interdit de boire, voici quelques flacons recommandables ouverts ces dernières semaines, ici et là... Un morgon 2015, pour commencer. Du Domaine de Leyre-Loup, propriété de Jacques et Christophe Lanson, une dizaine d'hectares sur sols granitiques, dont sept en appellation Morgon et trois en Fleurie. Le tout en viticulture raisonnée certifiée Terra Vitis. Du gamay à jus blanc, donc. Et des vieilles vignes de plus de cinquante ans. Techniquement ? « Vendanges manuelles en cagettes, tri sur table vibrante, égrappage partiel, lente macération semi-carbonique à basse température, élevage en cuves inox. » La robe est sombre, le nez bavard et très gamay, cerise/cassis/noyau, mousse humide, franc du collier en bouche, tannins justes, de la souplesse et de la gourmandise... Sur une omelette pommes de terre, lard blanc/lard fumé/chorizo... On salive ?
- Avant le semi-confinement, retour du côté de Sauveterre, dans le Gard. Et dégustation de côtes-du-rhônes au Domaine des Bouzons, une histoire de famille depuis six générations. Pour l'heure, j'ai retenu cette cuvée La Félicité 2018, 80% de syrah et 20% grenache. Technique ? « Vendanges manuelles, égrappage total, cuvaison de vingt jours, 40% de syrah élevé en barriques pendant dix mois, légère filtration » explique Marc Serguier. Une belle robe rubis, le nez sur la mûre très ... mûre, quelques notes de grillé, voire de pierre à fusil, des épices douces, une bouche fluide et souple, et un caractère très sudiste. Dans les 10 euros.
- Au resto, sur un délicat camembert de bufflonne aux truffes noires, ce menetou-salon, cuvée Les Bornés 2017 du Domaine Henry-Pellé, un pinot noir issu de plusieurs parcelles sur marnes kimméridgiennes. Ce qu'en dit le domaine ? « Cuvaison de deux à quatre semaines en cuves inox et cuves bois, fermentation naturelle, assemblage direct des jus de goutte et des jus de presse, élevage en cuves bois. » Et un menetou des plus agréables, très fruité, cerise mûre, gourmand, presque friand, tendre et souple, longue finale sur des touches légèrement vanillées...
- Chez des amis, pour dialoguer avec des quenelles de brochet/sauce safranée, ce pouilly-fuissé 2017, cuvée les Moulins, de Denis Lacoste, le Pré de Clunes à Cortambert, en Saône-et-Loire. Le vigneron annonce des vieilles vignes de soixante ans, sur sols argilo-calcaires, cultivées « dans le respect de l'environnement, labourées, enherbées, des vendanges manuelles à maturité optimale.» Derrière une robe d'un bel or gris, brillante, un nez complexe, agrumes, fougère, beurre frais, grillé et une bouche grasse, opulente s'ouvrant sur une finale dotée d'une belle amertume rafraîchissante.
- Et un mâchon comme on les aime, avec des amis et avant le confinement... Des terrines, lapin, sanglier, des tartes salées, de remarquables saucissons, des gâteaux au chocolat... et, parmi les flacons apportés par nombre de fous de vin, ce... K-or 2017 du Clos Troteligotte d'Emmanuel Rybinski, « paysan vigneron » (sic) à Villesèque dans le Lot. Un cahors, donc, comme son nom l'indique, et du malbec, le tout certifié en biodynamie depuis 2017. « Nos vignes, plantées sur les terroirs d'altitudes de l’appellation Cahors, au sein d’un clos de quinze hectares sont cultivées dans le respect de l'environnement, explique le vigneron. Par le travail des sols et l'utilisation de produits naturels uniquement nous permettons à nos vignes d'exprimer au mieux notre terroir argilo-calcaire sidérolithique, mélange de calcaire et d'argile rouge. Sa spécificité est une forte concentration en fer apportant minéralité, fraîcheur et complexité.» À quoi il faut ajouter une vinification sans soufre un vieillissement en cuve béton sur lies fines. Et ? Une robe sombre, presque atramentaire, un nez énorme, des épices et des herbes, des baies noires mûres macérées, une bouche à la fois volumineuse et croquante, avant une finale puissante et très longue. Donnera tout son potentiel dans quelques années, l'ami... À regoûter !
Les petites lampées reviennent bientôt...