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Les Fous de vin d'Alain Fourgeot

Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...

Le sacré gueuleton pour l'éternité du fou de vin Jim Harrison ...

Le sacré gueuleton pour l'éternité du fou de vin Jim Harrison ...

LIVRE. Vous dire d'abord que j'aurais évidemment rêvé qu'il répondît, avant de partir au paradis des soiffards, à mon questionnaire des Fous de vin, moi qui suis fou de lui depuis aussi longtemps que j'entasse des bouteilles dans ma cave... Ça sera pour l'Au-delà, devant une bouteille de sauvignon de Didier Dagueneau qui se joindra à nous, à n'en pas douter ...

 « Dès que la vie fait mine de m'écraser, je sais que je peux faire confiance au bandol, à l'ail et à Mozard » écrit l'ogre du Montana, qui nous avait déjà régalés, il y a quelques années, avec ses Aventures d'un gourmand vagabond. Un sacré gueuleton, c'est encore autre chose, une sorte de recueil d'une cinquantaine d'articles, pleins d'humour et de gouaille, parus dans les journaux américains et signés par ce boit-sans-soif, mort à 78 ans, en 2016, sans avoir pris le temps de prendre son dernier repas à Arles ou à Lyon où, avant de passer l'arme à gauche, il aurait aimé « faire la tournée des bistrots dans une énorme poussette manœuvrée par un végétarien ».

À Arles, en Bourgogne, à Paris, en parcourant la France ou aux États-Unis, Jim Harrison aura fait de sa vie un voyage gourmand, gargantuesque. À l'image de ce déjeuner hors du commun, le fameux sacré gueuleton, « fondé sur les recettes de grands cuisiniers et essayistes gastronomiques du passé », pris au restaurant triplement étoilé l'Espérance de Marc Meneau, à Saint-Père-en-Vézelay, malheureusement aujourd'hui fermé ... Onze heures passées à table pour déguster trente-sept plats en quatre services, dont des huîtres sur toast de camembert et l'omelette de Louis XV aux oursins, le cochon de lait en matelote ou encore le buisson d'écrevisses et crépines de foie gras. Sans oublier de vider plusieurs bouteilles de quatorze crus* dont un château-labour 1989 en magnum, un morgon 2001 de Marcel Lapierre, un côte-rôti 2000 de Jamet et un pouilly-fumé 1999, cuvée Pur Sang, du regretté Didier Dagueneau... 

L'emblématique vigneron de Pouilly-sur-Loire, dont « l'apparence est celle d'un bûcheron du Minnesota », est cité à maintes reprises par Jim Harrison, qui consacre de nombreuses chroniques aux vins français. Écrit aimer le reuilly, préférer les vins rouges aux vins blancs, même s'il ne déteste pas le meursault, ni le rosé du Domaine Tempier et avoir eu un faible pour le Chêne Marchand 1990 du Sancerrois Lucien Crochet. Mais l'auteur des sublimes Légendes d'automne ne s'arrête pas là, évoquant les châteauneuf-du-pape, échezeaux, richebourg, château-latour, romanée-contie qui viennent accompagner soit une poularde en demi-deuil, soit un guanciale de joues de porc marinées ou une tête de veau voire un « lapin bruni dans le gras de porc et servi avec une sauce tomate ».

« Le whisky est un célibataire endurci alors que le vin à une maîtresse, la bouffe » écrit avec raison Jim Harrison. Passez donc à table, les amis !

Un sacré gueuleton. Jim Harrison. Éditions Flammarion.

* Quatorze ou dix-neuf ? Car ce gueuleton est évoqué de nombreuses fois au fil des pages et le nombre de vins est variable... 

 

 

 

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