13 Février 2018
POLÉMIQUE. C'était il y a une semaine, sur une chaîne du service public, au cours d'un énième débat sur l'alcool. La ministre de la Santé y a tenu des propos qui ont agacé, c'est rien de le dire, la filière viticole et fait réagir Joël Forgeau, le président de Vin & Société. Voici son communiqué, diffusé ce 13 février...
« Un courrier de la Présidence de la République fin janvier 2018, avait permis de lever les craintes sur la politique de "démoralisation" de la consommation de boissons alcoolisées envisagée par le gouvernement dans sa Stratégie nationale de santé, publiée le 31 décembre 2017. En distinguant les consommations excessives et à risque et en nous proposant de participer à une politique de prévention sans précédent dans notre pays, le président de la République a envoyé un signal fort et un message clair, faisant la démonstration que les vieilles idéologies avaient vécues. N'en déplaise à certains.
Les déclarations d’Agnès Buzyn sur France 2, le 7 février, lors du débat L’alcool, un tabou français ont stupéfait la filière viticole. Nous sommes consternés d’entendre selon les propres termes de la ministre : "avec modération (...) c’est un mauvais mot ; "l’alcool est mauvais pour la santé" serait le vrai message de santé publique".
Cette position est à contre-courant de la direction politique indiquée par la Présidence de la République qui a invité la filière vitivinicole à formuler des propositions en matière de prévention. Nous travaillons actuellement à l’élaboration d’un plan de prévention qui sera finalisé à la fin du printemps 2018.
Dans ce contexte, ces déclarations intolérables sont vécues comme une véritable provocation par les vignerons qui se sentent stigmatisés alors qu’ils sont engagés depuis plusieurs années pour promouvoir la consommation responsable.
Exclure le principe de modération, c’est remettre en cause une approche juste et équilibrée qui condamne l’excès et accepte l’idée d’une consommation modérée et de partage dans notre société.
Vin & Société s’interroge sur la ligne directrice réelle des politiques de santé publique voulues par le gouvernement. Quelle place pour le vin dans notre société ? Allons-nous vers la promotion de l’abstinence et de la prohibition ?
Représenter les intérêts de la filière viticole n’est pas immoral comme certains voudraient le faire croire. Cela nous donne au contraire des devoirs : la filière ne se substitue pas aux acteurs de santé ni aux scientifiques. Elle peut être force de proposition et promouvoir les bons comportements sur le terrain.
La filière vitivinicole est convaincue que l’éducation, la connaissance et la transmission sont les bons chemins pour mener à bien la « révolution de la prévention ». Vin & Société est aux côtés du gouvernement pour être force de proposition et lutter contre les excès de la consommation d'alcool.
En revanche, elle n’acceptera jamais un double langage, la stigmatisation de son produit, et à travers elle, celle des femmes et des hommes qui le font. Le vin est un produit de civilisation. Nous en sommes tous responsables, il constitue une richesse patrimoniale pour notre pays qu’il nous appartient de transmettre ».
. MISE À JOUR. 14/02/2018. La ministre s'explique... Hier matin sur France-Inter, Agnès Buzyn a été interpellée par un vigneron du Gard, prénommé Xavier... « Dans une bouteille de vin, il n’y a que 12 % d’alcool, le reste c’est de la culture, de la convivialité, de la passion, des hommes et des femmes qui travaillent et des paysages. Je vous pose la question Madame la ministre : je suis viticulteur, est-ce que demain je serai considéré comme un dealer ? » lui a lancé Xavier. « Le buzz fait sur ma prise de parole mercredi dernier fait penser à des gens que j’ai attaqué le vin, a-t-elle répondu. J’ai simplement parlé du problème de l’alcoolisme en France. J'ai un devoir de prévention de l’alcoolisme, notamment sur deux populations vulnérables : les jeunes et les femmes enceintes. Je ne vois pas en quoi en disant cela, j’attaque la viticulture. Par ailleurs, j’aime beaucoup boire un verre de vin en situation conviviale, comme tout le monde. » « Maintenez-vous qu’il n’y a pas de différence de nature entre les alcools, quels qu’ils soient ? » lui a demandé le journaliste. Sa réponse : « Ma prise de parole se mettait du côté du foie et du corps humain. L’alcool contenu dans tous les spiritueux, que ce soit la bière, le vin ou le whisky c’est la même molécule d’alcool. [Je parlais] pour le foie. Ensuite on peut évidemment trouver des vertus culturelles, un patrimoine, du plaisir et beaucoup de talents. Je parlais de la molécule d’alcool.»
. MISE À JOUR. 25/05/2018. Le Président boit du vin ... Emmanuel Macron boit du vin midi et soir et « ne veut pas qu'on emmerde les Français » avec une nouvelle mouture de la loi Évin. En marge d'une rencontre avec les agriculteurs, le président de la République a remis le paisseau au milieu du vignoble en affirmant que tant qu'il sera là, il n'y aura pas d'amendement pour durcir la loi Évin. « Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin»,a ajouté Emmanuel Macron.