11 Décembre 2017
PARIS. Mon premier est un champagne baptisé Clotilde, le prénom de la première reine de France, femme de Clovis. Mon deuxième un âne, oui, têtu comme il se doit, un symbole catalan. Et mon troisième, un arbalétrier qui décore l'étiquette d'une bouteille de bordeaux. Mon tout, le point commun de tout ça, en fait, est une société franco-américaine qui fait le pari des vins de marque : Kimerbly Jones Selections Internationale. Dont le siège est basée à Paris.
Elle est née d'une rencontre entre l'Américiane, Kimberly Jones, Californienne d'adoption, propriétaire d'un petit domaine du côté de Maury, et d'un Charentais, David Meil, qui a repris la Maison des antiquaires du cognac, spécialisée dans les eaux-de-vie rares de plus de quarante ans. Dans le "portefeuille" de KJSI, des vins français et californiens dont les trois proposés l'autre jour à un aréopage de dégustateurs ...
. L'endroit. Le home-bar... du Frenchie*, c'est rue du Nil, à Paris. Tout au bout des rues Montorgueil et des Petits Carreaux, de l'autre côté de la rue Réaumur. C'est jeune, branché, bistronomique dans sa version bar à vins où nous déjeunons perchés sur des tabourets - ou quand le mange-debout devient un mange-assiss ... en hauteur ! Une grande vitre sépare la salle de la cuisine et ça donne faim.
. Le menu. Terrine de campagne, piccalilli et graines de moutarde, à partager pendant l'apéro avec de grosses tranches de pain. Puis une cuisse de canard confite, chou rouge braisé, parfaitement cuite, la peau croustillante. Pour suivre, un carré d'agneau rôti, merguez, courge butternut, yaourt fumé et grenade. Très joli plat, la merguez déstructurée pour la sauce, le yaourt pour adoucir, la grenade pour le croquant... Enfin, le dessert, un pur bonheur : yuzu curd, feuille de citron, shortbread et glace à la cardamome. Japonisant, subtil, frais, délicieux.
. Les vins. Le champagne, pour l'apéritif et le dessert. Cette cuvée Clotilde est un blanc de blanc Grand Cru, cent pour cent chardonnay, provenant de sols calcaires du domaine de Michel Turgy à Le-Mesnil-sur-Oger. Un nez complexe, fleurs, agrumes, pâtisserie, miel, une belle effervescence dans une robe de paille, un vrai plaisir en bouche, tendue et suave, pour ce brut dosé à sept grammes. En vente dans quelques jours chez les cavistes au prix de 40 euros. À table, sur la canette, la cuvée Têtu 2013, le jus languedocien de Kimberly Jones. Un vin de pays, cent pour cent grenache, issu de vieilles vignes d'une cinquantaine d'années, sur schistes noirs, vieilli pour moitié en cuves béton et pour l'autre en fûts de chêne de plusieurs vins. Jolie robe sombre, nez sur le pruneau, les baies noires, des notes de vin muté, d'alcool, de garrigue. La bouche est chaude et ample, les tanins souples, et la finale assez fraîche malgré ses 15,8% affichés... En vente dans quelques jours au prix de 16 euros. Avec l'agneau, la cuvée Arbalest 2015 de Benoit Touquette, dont je vous ai déjà tout dit dans de précédentes petites lampées : « Robe d'un pourpre sombre, un nez évoquant les fruits noirs, le pruneau, la confiture de mûres, la mine de crayon. Gros volume en bouche, chaleur et amertume à l'attaque, un peu âpre au milieu, avec des tannins très présents, une finale longue sur les baies noires compotées. Un bordeaux riche, très ... américain. À carafer. Il faudra le faire attendre en cave avant d'en apprécier toute les saveurs. Pour moins de 11 euros.»
. Le cadeau. À l'heure du café, et en comité restreint, comme on dit dans les ministères, David Meil a ouvert un cognac de Petite Champagne, millésimé 1968... mis en bouteille en juillet dernier. Bouteilles 218, sur les deux mille deux cents flacons de ce mono-cru. Une robe patinée, le nez immense, complexe, où se mêlent des notes de tabac blond, de fruits confits, d'orangettes. Bouche de velours et de soie, saline jusque dans la finale où se mêlent quelques traces de marc. « Il a fallu cinquante ans de patience pour arriver à ce résultat sublime » commente David Meil. Le flacon est présenté dans un joli coffret avec étiquette calligraphiée. Son prix ? Dans les 2.800 dollars. Oui, demandez-en un exemplaire au Père Noël !
Les petites lampées reviennent bientôt ...
. Pour en savoir plus sur le cognac lire aussi Dragon rouge.
* Le Prix Collet. Greg Marchand, le chef du Frenchie, a reçu il y a quelques jours, des mains d'Olivier Charriaud, président du jury et directeur général de Champagne Collet, le 5ème Prix Collet du Livre de Chef pour son ouvrage Frenchie (Éditions Alain Ducasse). Onze chefs concouraient à ce prix qui « valorise la haute gastronomie et son acte de création, le partage d’une passion, la transmission de l’héritage culinaire et les valeurs de sincérité et d’humilité ». Chaque Chef a tour à tour présenté son ouvrage devant les huit membres du jury, lors d’un dîner accords mets-champagnes à Table Ronde (Paris IIIème).