23 Janvier 2017
BOURGES. La campagne s'est endormie sous le givre, les toits commencent à blanchir. Moins six dehors. Un bel hiver. Dedans, un feu crépitant. Un magnifique bouquet où s'entremêlent des branches de coton et des lys blancs. Et, histoire de réchauffer encore un peu plus l'atmosphère, sur la table, des tapenades verte et noire, une crème d'anchoïade, du pain grillé. Apéritif gourmand, avant de passer à table. Au menu, foie gras et son chutney d'oignons, magrets de canard sur le grill de la cheminée et sa purée potimarron/pommes de terre/panais/patate douce ...
Pour l'heure, on fait sauter le bouchon de ce Clos Cazals 2005* un blanc de blancs. Le chardonnay provient du sol crayeux de l'un des plus grands clos de la Côte des Blancs, du côté de Mesnil-sur-Oger. Les vignes ont soixante ans. Vendanges manuelles, dosage à trois grammes, vinification en cuves avec un passage en fûts de chêne pour dix pour cent des vins. Vieillissement en bouteille pendant dix ans. Voilà pour la technique... Dans les flûtes, une belle robe or brillante, une effervescence fine, généreuse et persistante, le nez envoûtant du chardonnay qui a pris de l'âge, du fruit, de la brioche, des notes pâtissières, en fond de verre des notes de noix. La bouche est à la fois vineuse et soyeuse, grillée et fruitée, ample et tout en équilibre, la finale longue et délicate ... Bref, un régal, cet extra brut !
À table ! Et sur le foie gras, encore du champagne ? Un sauternes ? Ben non. Un bourgogne, un viré-clissé issu de raisins "levroutés", comprenez limite pourriture noble. C'est la cuvée Vendanges d'exception du terroir 2006 de Jean-Pierre Michel, proposée en demi-bouteille. Une robe dorée et brillante, un nez assez magique sur la cire d'abeilles, les fruits confits, cédrat, ananas, et les fruits blancs très mûrs, bouche riche, onctueuse avec un poil d'acidité qui apporte du peps et confère à la finale une belle fraîcheur salivante mariant les épices et le salin...
Et hop, les magrets, très saignants, sont déjà tranchés... Le premier service avec un côtes-de-provence, la Grande Cuvée Hubert de Boüard 2013** de Château de Berne. Hubert de Boüard, oui, celui de Château Angélus ! Il a supervisé cet assemblage de cabernet-sauvignon et de syrah, proposé dans une jolie bouteille évasée. Robe foncée, reflets d'encre violette, nez sauvage sur les baies noirs mûres, myrtilles, cassis, les épices, la garrigue, des notes de fleurs et de vanille, bouche suave et gourmande, finale grillée, épicée et fraîche. Le canard lui dit merci...
Second service avec ce 2014 de Château de Ferrand***, millésime mis sur le marché il y a quelques mois. Un assemblage de merlot (85%) de cabernet franc (13%) et de cabernet sauvignon. Un peu jeune, ce saint-émilion, qu'il faudrait encaver largement tant il est plein de promesses de plaisirs... Pour l'heure, derrière une robe vive, un nez complexe, baies noires mûres, notes boisées. En bouche, une attaque vive, une belle structure, des tannins imposants mais qui s'ouvrent au dialogue. Malgré un peu de raideur en milieu de bouche, le vin reste charmeur jusque dans sa finale, longue et désaltérante. Un grand de demain ? Oui, une caisse pour vous...
Le dessert ? Tranche de mangues, glace pistache chocolat et vieux rhum arrangé maison ...
Les petites lampées reviennent bientôt...
* 68 euros. ** 60 euros. *** 35 euros.