19 Septembre 2016
BOURGES. Voilà que j'ai décidé de reprendre où je les avais laissés mes cours en vins "nature" ! Ben, non, ne rigolez pas, je m'instruis. Mon passé, ma culture font que je ne suis pas... naturellement porté sur ces vins-là, mais que je cherche à les découvrir voire à les comprendre. Comme il se trouve que Jacques Flouzat, membre éminent du bureau de l'AVN (Association des vins naturels) tient depuis plusieurs années à Bourges, une cave joyeusement baptisée Le Tocsin, spécialisée dans le "nature", le "bio" et le biodyn"... je passe régulièrement prendre ma leçon. La dernière en date concerne des rosés. Bon, OK, faut pas prendre le mot à la lettre, rien à voir avec la vie en rose et le feuilleton du même nom que je tiens sur ce blog de fous chaque été. Non, ici, vous verrez, les rosés ne ressemblent pas franchement à des sirops à l'eau, ni à des vernis à ongles. Ils ont même plutôt tendance à ressembler à du vin, orange parfois, rouge, le plus souvent... On en a dégustés quelques uns l'autre jour, à l'aveugle, oui, pour essayer de trouver les cépages et les provenances... Je me suis planté presque tout le temps mais j'ai retenu pour vous les cinq flacons qui suivent. Commentaires en duo avec le maître des lieux...
On attaque. Premier vin. On est tombé d'accord sur le nez, bien discret derrière une robe de vin orange. Des « fleurs et des pétales fanés, des épices et une note iodée » pour lui, une sorte de pot pourri discret et des notes de colle blanche de mon enfance, pour ma pomme. « Pas mal de gras en bouche, il prend bien les babines, il y a des notes épicées et un joli peps», ajoute-t-il. Peps ? Acidité ? Un peu trop à mon goût, mais elle porte une longueur rafraîchissante quoiqu'un peu courte... C'est ? Voilà du gros lot 2015, vin de France, bio évidemment, cent pour cent... oui, c'est ça, du grolleau, ce merveilleux cépage de Loire et de la Vendée. Un lot signé Jacques Carroget, dont le nom ne vous est pas inconnu si vous suivez régulièrement les Fous. Le Domaine de la Paonnerie... C'est ça même.
Deuxième bouteille. Lui : « Je suis sur le bonbon acidulé, les épices, très fines, des fruits acides, des notes de fumé. En bouche une jolie trame, beaucoup de fraîcheur, du nerf à revendre, un certaine sapidité qui avive les papilles, et un poil d'alcool ». Moi : une robe qui fait penser au clairet, un nez très fruité, sur la confiture de fruits rouges, les groseilles maquereaux mûrs qui s'écrasent dans la main, un peu d'alcool genre confiture de vieux garçon, une finale salivante...» On est d'accord pour dire que c'est un joli vin qui donne envie d'y revenir. C'est ? Levons la chaussette ... Même étiquette avec cette jolie queue de paon. Même domaine, la Paonnerie, , vous l'aurez compris. Un rosé d'Ancenis ! Tiens ! En AOP Coteaux d'Ancenis. Du gamay, rien que du gamay. Quatorze degrés au compteur. Du bonheur, on adore le gamay. Bon, pour être franc je n'y avais pas pensé, à ce cépage...
Et de trois. La robe est presque rouge, un dirait le rouge que servait mon oncle jurassien dans sa carafe... Du poulsard ? Non... Je suis sur un nez d'écume de confiture, du pruneau, la bouche est un peu gazeuse, la finale un brin oxydative et acide, moins à mon goût que les deux flacons précédents. Moins franc du collier. Jacques en a beaucoup bu cet été mais trouve qu'aujourd'hui il se goûte moins bien. « La pleine lune, demain ? » Ah, ben, tiens ! « Des notes de cerises à l'alcool, de fraise aussi... » Alors ? Levons la chaussette ! Jamais rosé, c'est le nom de la cuvée vinifiée par Johan Chassé, qui bosse chez les Carroget et dispose de quelques rangs de vigne. Un vin de France à 12,5 degrés. Et du gamay, oui, encore... que je n'ai pas trouvé. Ah oui, j'oubliais, l'étiquette, comme celle de toutes les cuvées de Johan est superbe : une gabare de Loire, me semble-t-il, très stylisée...
Au quatrième flacon, la faim... Les vins "nature" donnent faim ? Ben oui. Cette fois, place à une robe rouge, un rouge un peu plus clair que précédemment. Jacques ? On se réveille ? Le nez dans le verre, abandonné, songeur... « Là, je suis complètement sur des fruits à l'eau de vie, la confiture du vieux garçon, je ne connais pas, mais ça peut ressembler à ça, non ? Pas mal d'acidité, c'est nerveux, ça réveille, c'est digeste, voilà ce que j'aime dans les vins "nature"...» Et ben moi aussi, je suis d'accord avec tout ça. Désaltérant et tout ! On mange quand ? Ah oui, on vient de déguster ... la cuvée Carnaval du Domaine de la Fontude de François Aubry, « vigneron éleveur » ... de brebis, un Castelroussin de souche parti s'installer à Brenas, dans l'Hérault. Un vin de France dominé par le grenache et titrant 13,5 degrés. Belle étiquette là encore, toute droit sortie de Jour de fête de Jacques Tati...
Et voilà le dernier, on va manger après... Libanais ! Pour regoûter tout ça, le libanais va bien avec le rosé... Tout de suite, le premier nez fait penser au premier verre du Domaine de l'Anglore, bu il a y a de nombreuses années déjà, dans un bar à vins d'Angers où nous venions faire salons... Jacques : « Oui, ça rappelle le tavel de Pfifferling, je suis d'accord. Je suis encore sur les fleurs séchées et un jus de fruit de, je cherche... » D'orange sanguine... Voilà. Et des fleurs séchées qui vont bien avec la robe, tuilée, ambrée. « C'est peut-être celui qui se goûte le mieux aujourd'hui » ajoute l'homme de l'art et du vin ! Moi, je suis emballé par l'opulence du nez, qui se retrouve en bouche avant une finale légèrement sucrée, signe de vendanges mûres, probablement... On est où, là ? Au Domaine Mouressipe d'Alain Allier, à Saint-Comes-et-Maruéjols, dans le Gard. Pitchounet, qu'elle est baptisée, cette cuvée. Grenache et cinsault. Moins de douze degrés. Vin de France bio... Sur la contre étiquette, je lis : « Vinification naturelle, levures indigènes et sans aucun intrant ». Ben voilà, c'est possible ! Tu m'en mettras une caisse ...
Les petites lampées (naturelles ou pas ) reviennent très bientôt...