27 Avril 2016
BOURGES. Le carignan ! Je ne connais pas très bien ce sudiste mais il y a parmi les blogueurs de la planète pinardière un grand spécialiste de ce cépage. Un homme que je vous recommande de lire. Il a consacré au carignan, pendant cinq ans, sa rubrique dominicale sur le blog les 5 du vin. Trois cent un posts sur le sujet ! Mériterait d'entrer dans le livre des records, le Michel. Bon, je vais essayer de ne pas raconter de bêtises, sinon il va me reprendre de volée...
J'ai reçu ( oui, on m'envoie parfois du vin...) ce carignan 2014, baptisé le Pège, vin de France de Château Grand Moulin, il y a quelques semaines. Ouvert autour d'une terrine maison à l'heure d'un copieux casse-croûte avec quelques copains bûcherons qui se reconnaîtront...
La pège, comme indiqué sur la contre-étiquette, « est le nom occitan donné, dans les Corbières, à une terre pauvre et aride, exploitée par les paysans les plus déshérités ». Des terres argilo-calcaires sur les collines de Luc-sur-Obrieu. Jean-Noël Bousquet, le propriétaire de Grand-Moulin, a acheté cette pège en 1973. À dix-neuf ans, il venait de décider de devenir vigneron et elle était sa première acquisition. Vingt ans plus tard, le carignan « un cépage qui n'aime ni le luxe ni l'opulence », explique-t-il, y a fait son nid pour son plus grand bonheur ... Le vigneron annonce des vendanges manuelles, une cuvaison de trente jours et « un élevage de six mois en cuves inox avec trois soutirages, aération et remise en suspension des lies fines ». Pour les spécialistes...
La terrine de lapin était magnifique et le carignan, carafé, oui, servi à la température de la cave, lui a causé d'un pays où la vie est belle dans son angélique rusticité... Une robe très sombre, presque atramentaire, un nez sur les baies sauvages compotées, cerises noires, des épices et des simples, des notes de fumé. Bouche généreuse, ample, opulente, tannins gourmands, acidité coquine et finale assez longue qui donne encore envie de siroter... Et de reprendre une tranche de terrine ! 8,20 euros.
- Oui, je sais, trois degrés ce matin au dessus de mon citronnier fleuri dans ma cour, l'été est encore loin et comme il n'y a pas eu de printemps, hein, je vous le demande, où va-t-on ma petite dame ? N'empêche, le rosé se boit à toute saison, y compris au coin d'une cheminée en attendant l'heure de dîner, asperges du jardin et jambon cru... Chantons donc sous la pluie avec ce Champ des Grillons 2015 du Domaine de la Croix Belle, un IGP des Côtes de Thongue, du nom de la rivière qui coule du côté de Pézenas, entre Cévennes et Grande Bleue... Du grenache pour 40%, de la syrah et du cabernet sauvignon à parts égales pour les 60% restants. Un rosé limpide, à la robe séduisante si l'on aime les roses clairs presque transparents, légers reflets encre, nez fleuri, retour de ces petits fruits rouges, notes épicées, bouche gourmande, finale bonbon et un brin trop friandise ... 7,70 euros.
- Oui, bien sûr que oui, on peut laisser vieillir des rosés et surtout le pinot gris de Reuilly. C'est dans le Cher, une des huit appellations du Centre-Loire, pour les veinards qui liraient cette rubrique le nez au vent sous un cocotier... C'était il y a quelques semaines, avec des amis de passage désirant faire le plein de gris avant l'arrivée des beaux jours. Direction le Domaine Jacques et Pierre Vincent, à Lazenay. On est bien là-bas... Autour d'un petit mangement, andouille, saucisson, galette... nous avons goûté les deux derniers millésimes, dans les trois couleurs ( les 2015 sont au top), avant de passer à des flacons plus anciens dont deux gris, 2003 et 1999... Même les plus sceptiques de la bande, un peu surpris devant les étiquettes et la couleur des vins, sont tombés sous le charme. Évidemment les robes claires avaient viré au presque blanc tuilé, le nez était marqué par de légères notes oxydatives, nous étions plus sur les fruits secs, l'amande, l'abricot, que sur des notes florales ou de fruits frais. En bouche, ils ont rappelé à certains le fino espagnol ou un vin sous voile... Et c'était bon. Je pense que je vais cacher dans ma cave un ou deux magnums des millésimes précédents pour y revenir dans quelques années...
- Encore un rosé, ben oui je vous ai dit qu'on voulait faire venir l'été, avec ce baux-de-provence 2015 du Mas de la Dame où j'ai passé quelques jours charmants en novembre dernier entre un Coin caché et le Vallon des amants ... Rosé de saignée issu de la syrah, du grenache et du cinsault. La robe est soutenue, rien à voir avec nombre de rosés du Sud, brillante. Le nez complexe, très causant, raconte des histoires de petits fruits rouges, de fleurs sauvages et d'épices des collines des Baux. Vif en bouche, franc du collier, charnu, plein de caractère, laissant surgir des notes de menthe sauvage, sur une finale un peu fumée, il a royalement escorté une salade de jeunes pousses, huile d'olive du Mas et anchois marinés, avant un gratin de cardes.... 8,70 euros...
- Je vais encore me faire engueuler par ce sommelier de Salon-de-Provence qui n'a pas supporté que les dernières lampées évoquent les vins de Gérard Bertrand... Bon, ici c'est comme à la télé, si t'es pas content tu changes de chaîne... Pour notre quotidien ou presque, avec un copain, nous avons acheté, nul n'est parfait, quelques caisses des vins de Gérard Bertrand et notamment la cuvée Les Aspres Réserve 2013. « Situé sur le Piémont Pyrénéen dominé par le célèbre Mont Canigou, Les Aspres constituent un cru d'excellence des Côtes du Roussillon. Aspres signifie aride en Catalan, caractérisant ce terroir ensoleillé bordé de garrigue et d'Alzina » peut-on lire sur le site du vigneron/négociant languedocien. Nous sommes sur un assemblage de grenache, de mourvèdre et de syrah. Un tiers du vin est élevé neuf mois en barriques, le reste est laissé en cuve. Ben voilà, Monsieur le sommelier, pour 7 euros, oui 7 euros... et des poussières, nous on se régale à l'heure de l'onglet bien saignant et des ramens au soja... Le vin, on l'avait carafé deux heures avant. La robe est belle, le nez complètement extravagant, plein de fruits et d'épices, la bouche est riche et pleine, assez souple, la finale appelle la réglisse, le poivre et la garrigue... Des bonheurs simples, on en veut tous les jours ...
Les petites lampées reviennent bientôt...