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Les Fous de vin d'Alain Fourgeot

Entre petites lampées et grandes folies, ne pas remettre à demain ce qui peut être bu aujourd'hui...

Isabelle Chrétien Sériot, folle par nature, ouvre ses portes du vin ...

Isabelle Chrétien Sériot, folle par nature, ouvre ses portes du vin ...

ISABELLE CHRÉTIEN SÉRIOT. Folle de vin ? « Amatrice au sens étymologique du terme… » répond-elle. « Je prétends aimer le vin et seulement l’aimer. Je ne le fais pas (hélas). Je ne l’explique pas. Je ne le comprends pas toujours. Je ne le déguste pas forcément avec justesse et rigueur. Mais le vin n’est pas rancunier avec moi… » poursuit Isabelle Chrétien Sériot, qui vit au milieu des vignes de Saint-Émilion. Cuisinière à ses heures, « romancière dans la tête, plus rarement sur le papier », elle a sorti un livre en juin dernier, Aux portes du vin, qui a connu un joli succès. Et écrit trois pièces de théâtre. Un deuxième roman est en route. Notre première folle de vin de l'année est également enseignante, « à mes heures retrouvées, pour une "magie illusoire" de l'orthographe » écrit-elle. Bienvenue chez les Fous !

- Le déclic ? Le premier verre ? Je ne m’en souviens pas…Le vin a toujours fait partie intégrante de ma vie. Mes parents, gourmets patentés… (mais presque !), m’ont initiée très jeune aux plaisirs de la table. Le vin se prenait chez moi comme un sirop. Petite, je le buvais rallongé d’eau, adolescente, j’étais autorisée à le boire, sainement et avec respect. Mon goût pour le vin est aussi ancré et naturel que le goût que j’ai pour la lecture, la musique…

- Une devise ? Pas vraiment une devise, mais plutôt un adage, un principe de vie, né d’une conviction intime que tout est beau, et que tout est sujet à émerveillement. Cet émerveillement vient de tout ce qui me dépasse. Évidemment, la compréhension du monde est variable selon l’intelligence et les connaissances, mais il n’empêche que nous sommes ceints de zones d’ombre et qu’il convient non pas de nous en effrayer mais de nous en émerveiller. Le monde renvoie à nos limites et à notre petitesse et le contempler dans sa grandeur suscite toujours en moi de la fascination. Sans doute ai-je gardé un esprit juvénile, et on peut m’opposer toutes les horreurs de ce bas monde !

Certes… mais ces horreurs sont du domaine de l’humain. Comme le nombre ∏, comme les grandes créations musicales, le vin m’émerveille. Me transporte. Me fascine. Il a été le premier vecteur de civilisation. Dans mon roman, je fais dire à mon personnage, qui se heurte au rejet de celle qu’il tente d’initier au vin : « Ouvrez votre esprit, ayez la faculté de vous réjouir des commencements et des nouvelles appropriations du savoir. Ne vous ai-je pas demandé déjà d’accéder à l’émerveillement de l’enfant aux portes de la vie, et de renoncer aux séniles désillusions des gens tristes et blasés ? Allez ! Buvez ! Aimez ! Laissez-vous transporter par la majesté de ces vins, par leur sensualité en bouche ! Vivez-les… »

Mon personnage, un double de moi-même, est un contemplatif et il finira par ravir son élève dans les hauts lieux viniques.

- Le meilleur souvenir de dégustation ? Le singulier ne me convient pas, il est tant de souvenirs ! Et c’est ce qui justifie pleinement une passion d’ailleurs.

. Climens 1988, Premier Grand Cru de Barsac, à l’occasion d’un menu orienté uniquement en vue d’accords avec des sauternes.

. Lynch-bages 1990, sur un civet de lièvre, puis sur des filets de caille, puis enfin… sur des tranches beurrées et recouvertes de lamelles de truffe ! Un grand moment de gastronomie…

. Canon-la-gaffelière 1990, bouteille apportée lors d’un dîner chez un étoilé du Guide Michelin.

. Clos-de-tart 2001, dégusté à l’aveugle en compagnie de grands hommes qui font les vins de Bordeaux … ou d’hommes qui font de grands vins de Bordeaux !

- Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Cave, mais j’ignore tout ou presque de cette cave, je me contente de boire ce qui en sort…

- Les trois coups de cœur du moment ?

. Les Charmes Godard, un côte de franc, d’une belle pureté, aiguisée des saveurs hespéridées. Tout millésime, mais en particulier le 2013, enthousiasmant…

. Domaine de Montcalmes, presque tous les millésimes… 2005, 2011, 2004 et 2007, une friandise de mûres et d’olives noires, et Mas Julien, bu trop peu souvent…

. Les vins blancs du Domaine Buisson Charles à Meursault. Jamais déçue ! Des vins typés, de haute facture, loin de tout conventionnalisme !

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