20 Novembre 2015
BOURGES. On faisait la fête et on buvait avant. On buvait même pendant avec des BerryCurieux, sans savoir que... On boit, on boira après. En terrasse, dans les bars, les restos, les salles de concert... Sans plus de commentaires, petites lampées dédiées à tous ceux qui sont du côté de la vie. Et à tous ceux qui ne lèveront plus jamais leur verre.
- Pour débuter, un bandol rouge, la cuvée Tradition 2011 du Domaine de l'Olivette, ouvert sur des champignons. Un vin chaud comme le Sud, bâti comme un athlète, sculpté autour d' une jolie colonne vertébrale de mourvèdre (80%), assemblé au grenache (15%), au carignan (3%) et à la syrah (2%). Sur des arômes de fruits mûrs, de sous-bois, il est encore marqué par un élevage de dix-huit mois en foudre, mais les tannins sont déjà caressants, la longueur séduisante. 18 euros à la propriété. On peut encaver sans souci, longue garde assurée.
- Depuis vingt ans, La Croix de Beaucaillou est l'autre vin de Château Ducru-Beaucaillou, élaboré avec des jus issus de jeunes vignes , moins de dix ans, et des vins non retenus dans l'assemblage définitif du Grand Cru Classé de Saint-Julien. Dont les soixante-quinze hectares sont plantés de cabernet sauvignon (70%) et de merlot. Joli "second vin", donc, dans la lignée de son grand frère, très "saint-julien". Un 2008 drapé dans une robe pourpre, plein de tempérement, de finesse, sur des fruits compotés, quelques notes plus sauvages, caressant en bouche, finale légèrement fleurie, très, très longue... Apprécié chez des amis autour d'un plat de morue lardée cuite au four, si... Moins de 30 euros, me souffle-t-on...
- En cuisinant une soupe et un gratin de longue de Nice, oui, c'est une courge, j'ai ouvert ce cornas Champelrose 2013 du Domaine Courbis, reçu il y a quelques semaines. J'ai lu que les frères Courbis sont à la tête d'un domaine familial vieux de quatre cents ans... où ils sont revenus dans les années 1990, après avoir fait leurs classes sous d'autres cieux. Aujourd'hui trente-quatre hectares, où ils produisent des saint-joseph, des saint-péray, des croses-hermitages et donc des cornas dont cette cuvée, élevée seize mois en barriques, issue de deux parcelles de syrah, seule cépage autorisé dans cette appellation. Presque violet, sur un nez très concentré de fruits mûrs, complexe, un brin floral, avec des accents de graphite, riche en bouche, bavard et poivré, il s'est fait apprécier tout au long du repas. Le gratin, quel bonheur ! 26 euros chez les cavistes.
- Il y a quelques semaines, avec des œufs brouillés aux cèpes, dans un restaurant du Sud de la France, ce Tire Bouchon 2014 du Domaine d'Ouréa, à Vacqueras, dans le Vaucluse. Ouréa comme le Dieu grec des montagnes qui veille probablement sur les vignes des Dentelles de Montmirail. C'est bio, c'est beau ... Et c'est un assemblage original : du grenache pour la moitié, marié à du carignan (20%) de l'aramon, de l'œillade, de la syrah à parts égales. Chaud, très chaud, notes épicées, richesse et corpulence en bouche, mais sans lourdeur, des notes chocolatées, une belle finale pleine de fraîcheur qui donne envie d'y revenir. Dans les 25 euros.
- Sur une terrasse de Camogli, en Ligurie, autour d'un plat de spaghetti à la vongole, ce rosé frizzante ultra sec de la Cantine Maschio, provenant de la région de Trévise. Deux pinots, le blanc et le noir, et un peu de raboso, pour un vin léger, simple, sur des jolies notes de petites baies rouges, peu alcoolisé, facile à boire... Et on en a bu, deux fois plutôt qu'une, en « matant le soleil se coucher dans les vagues/Marine et brillantes/ Comme des draps de soie...». 14 euros sur table. Si vous trouvez ça en France, faites-moi signe...
- De grandes et belles bulles françaises pour terminer. Pour dire merde à tous ceux qui préfèrent les balles aux bulles ! Avec un champagne non millésimé qui porte le nom d'un symbole de la France, de sa gastronomie, de sa joie de vivre, la Tour d'argent, célèbre dans le monde entier pour son canard au sang. Et sa cave, riche de quelque 350.000 bouteilles et 14.000 références. Son propriétaire, André Terrail, explique avoir eu envie de mettre à l'honneur ses champagnes Grand Cru élaborés à Chouilly, depuis 1975, en collaboration avec la famille Barbier. D'où ce nouvel habillage, très élégant, classe, derrière lequel se cache un très beau vin, très peu dosé, offrant un joli cordon de fines bulles. Nez citronné et grillé, bouche très agréable, pleine de fraîcheur, sur une finale vive très désaltérante. 38 euros la bouteille et 85 euros le magnum. La Tour d'Argent propose également un rosé non millésimé (48 euros) et une bouteille millésimée 2007 (65 euros). À goûter un de ces jours. Faites sauter les bouchons !
Les petites lampées reviennent bientôt ...