17 Septembre 2015
POUILLY-FUMÉ. Cette semaine, Télérama lui a consacré un grand portrait, après le monde.fr, et le figaro.fr, ces derniers mois... Alexandre Bain, le vigneron nature de Pouilly-Fumé, n'a jamais été aussi populaire et médiatique, mais cela ne l'empêche pas d'être rattrapé par les foudres de l'INAO qui vient de l'exclure de l'appellation Pouilly-Fumé. Il l'a fait savoir sur les réseaux sociaux avec ce message.
« Mauvaise nouvelle avant vendanges. Je tiens à vous faire part de mon désarroi. L'INAO vient de retirer l'habilitation au domaine, c'est à dire la capacité à faire des vins d'appellation. Je ne pourrai donc plus revendiquer Pouilly-Fumé sur mes bouteilles jusqu'à, je ne sais quand... Juste un petit rappel, le domaine est intégralement certifié par Ecocert et Demeter. Les sols sont intégralement labourés à l'aide de nos chevaux de trait (sauf une parcelle de 1.78 hectare trop éloignée du domaine). Nos vignes reçoivent l'aide de tisanes de plantes tout au long de la saison végétative. Les raisins sont cueillis à la main mûrs, en bon état et à parfaite maturité. Les jus et vins ne reçoivent pas de produits œnologiques tout au long de la vinification et de l'élevage jusqu'à la mise en bouteille dans 70% du volume de l'année. Les 30 % restant ne reçoivent pas de produits œnologiques exceptés une dose infime de sulfites soit 10 mg/l de sulfite ajouté juste avant la mise en bouteille. Tout travail ou intervention suis les rythmes du calendrier biodynamique. Peut être qu'il y a quelques imperfections sur nos vins mais je pense aussi qu'ils ont aussi beaucoup de qualités. Quatre personnes travaillent tout au long de l'année dans les vignes et en cave. Caroline à la cave et au bureau, Michel aux vignes et avec les chevaux, Vincent aux soins des vignes, des préparations biodynamiques et en cave et moi même un peu partout. Je pense à eux aussi qui s'investissent pleinement pour faire avancer les vignes et les vins du domaine. Je pense aussi aux gens, clients, médias qui croient en nous et en nos vins depuis nos débuts en 2007. Mon idée est de faire du vin nature pour le bonheur des buveurs de vin, pour la terre, les gens qui y travaillent et la Terre que nous partageons tous ».
Alexandre Bain évoque par ailleurs un problème de calendrier :
"L'INAO m'impose un contrôle de cave par un organisme de contrôle OIVC avant le 1er septembre. Le rendez vous est fixé par mes soins au 20 août sauf que l'organisme de contrôle annule le rendez-vous. Et m'impose la date du 3 septembre (postérieur au 1er septembre au passage). Rendez-vous que je décale pour des raisons professionelles après les vendanges 2015. L'INAO m'imforme par courrier que le contrôle qui n'a pas eu lieu avant la date limite fixée au 1er septembre entraine la sanction suivante : retrait de l'habilitation. Je rapelle que c'est l'OIVC qui était en vacance en août, j'étais à la cave au boulot ! Pour l'INAO, le contrôle n'ayant donc pas eu lieu à la date prévue entraîne la sanction suivante : retrait de l'habilitation. »
Le message d'Alexandre Bain et cette décision de l'exclure d'une appellation qu'il revendique haut et fort ont évidemment provoqué de très nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Quant à l'INAO, contacté hier après-midi, il n'a pas, pour l'heure, commenté cette décision ni ce problème de calendrier. Mais son service communication m'a dit transmettre ma requête en haut lieu... À suivre donc.
- Mise à jour. 23/09/2015. Dans le journal quotidien de Nevers, qui consacre enfin un papier au vigneron de Tracy, j'ai lu ça: « Katia Mauroy, la présidente du syndicat de l'aire AOC de Pouillly indique que "depuis 2014, c’est une succession de rendez-vous manqués. Il (le vigneron) lui a été accordé à plusieurs reprises la possibilité de fixer un rendez-vous. L’INAO prend beaucoup de précautions avant d’arriver à une sanction aussi définitive. Alexandre Bain a perdu son habilitation parce qu’il a refusé le contrôle (...) L’appellation n’est pas une obligation, c’est un choix. Ce qui suppose des devoirs.(...) L’INAO a proposé à Monsieur Bain de redemander son habilitation en appellation Pouilly-Fumé. Ce qu’il n’a pas encore fait, à ma connaissance, aujourd’hui.» Quant à l'INAO, il n'a toujours pas répondu à ma demande... Est-ce sérieux ?