2 Juillet 2015
FEUILLETON ROSÉ/Épisode 6. « Ce sont des vins de barbecue, d'apéritifs dans la tiédeur d'une journée qui s'achève, baignée de parfums d'herbe coupée, de bitume chauffée par le soleil, de pluie soudaine et déjà oubliée et de brouillard léger. Ce sont des vins de conversations amicales, de rires francs, de sourires et de regards complices et de tapas que l'on mange avec les doigts, parce qu'avec les doigts c'est meilleur. Ce sont des rosés simples, qui ne se la jouent pas et qui sont bons chaque année, pour la plupart, sur le fruit, la fraîcheur, le simple, le cru, le cuit, le bon; la bonté » écrit Léon Mazzella dans son Dictionnaire chic du vin * à la lettre R comme Rasades de rosés. Et je partage pour ce sixième épisode des Rosés de l'été...
- Et ça commence avec du cabernet franc de Bourgueil du Domaine du Cèdre à Restigné (Indre-et-Loire), propriété de Lucile et Éric Ballif. Des vignes de vingt-cinq ans sur un sol de sable et de gravier, un pressurage rapide et une vinification à basse température pour extraire un maximum d'arômes. Et c'est réussi. Sous une robe assez soutenue, des arômes de fruits rouges, une belle richesse aromatique au nez comme en bouche, avec ce côté gouleyant des vins de soif qui laisse la bouche fraîche, sur des notes légèrement épicées. Un soir, à l'apéro, sur une terrine de lapin... 4,90 euros, franchement...
- Encore du cabernet franc pour ce magnifique pétillant de Château de La Grille, propriété de Baudry-Dutour, débouché par une fin d'après-midi de canicule en écoutant les merles se castagner sur le cerisier. C'est la première méthode traditionnelle extra brut du château et, pour un coup d'essai, comme on dit, quel coup de maître ! Robe pâle, effervescence délicate. En bouche, du fruité, des agrumes et de la grenadine, de la gourmandise, de l'élégance, de la fraîcheur, de la pureté, de la légèreté... Ben oui, complètement séduit par cette bouteille. 12 euros.
- Changement de région, direction la Vallée du Rhône et ses côtes, avec ce Grand Veneur des Vignobles Alain-Jaume et fils, membre de Vignobles et Signatures. Du grenache, de la syrah et du mourvèdre, cultivés en bio (Écocert), pour ce rosé issu de saignées et de pressurage direct, vinifié en cuve inox. Robe aux reflets saumon, nez délicat sur les petites baies et des arômes qui appellent le Sud, bouche à la fois ample, structurée, fruitée, délicate, sur une finale énergique ... 7,80 euros.
- On descend encore un peu plus loin, du côté de Bandol, avec cette cuvée porte-bonheur, la Chance, du Domaine des Terres Promises de Jean-Christophe Comor, dégustée l'autre soir chez des amis. Du cinsault, du grenache, à parts égales et du mourvèdre (50%), en agriculture bio, plantés sur des restanques de Beausset. J'ai lu qu'il aurait bénéficié d'une vinification à la belle étoile, après une courte macération pelliculaire et d'un élevage en cuve. Beau résultat... Joliment fruité, équilibré, élégant, tout en finesse, sur une jolie longueur, il a parfaitement accompagné les bavardages de jolies retrouvailles... Dans les 15 euros, je crois.
- Et on termine ce #6 par un rosé des Terres de Saint-Hilaire, domaine que j'ai déjà évoqué dans cette rubrique. En cuisinant une sorte de ratatouille maison , j'ai ouvert ce rosé de la gamme Sagesse, IGP du Var. Un original assemblage de cinsault et de muscat de hambourg, robe claire, nez sur de petites baies rouges, bouche gouailleuse sur une finale un peu acidulée. Un vin facile et sympa, un peu trop d'ailleurs, car il a fallu rester assez longtemps en cuisine... 5,90 euros.
Les petites lampées reviennent bientôt...
* Je reparlerai prochainement ici de ce Dictionnaire chic du vin qui sortira début septembre aux Éditions Écriture. Une de mes lectures de l'été. Merci Léon pour ta jolie dédicace.