16 Juillet 2015
BOURGES. En attendant le retour du feuilleton des rosés, les Petites Lampées reviennent en rouge et blanc sur quelques flacons dégustés et appréciés ces dernières semaines. Et ça commence par Gérard Bertrand*, le vigneron négociant du Languedoc, six cents hectares, deux cent cinquante employés, qui distribue aujourd'hui ses vins dans plus de cent pays... Une grosse pointure dont je ne connaissais pas tous les vins.
Il y a un mois, pendant Vinexpo et une belle soirée jazz organisée sur une terrasse des quais de Bordeaux, deux découvertes. D'abord l'Aigle Royal, coteaux-du-languedoc millésime 2013, du Domaine de l'Aigle, un rouge tout en intensité, plein de fruits, petites baies bien mûres, touches d'épices et de marc, notes vanillées. Du pinot noir gorgé de soleil, plein, généreux, sur une finale fraîche et épicée qui donne envie d'y revenir. Dans les 14 euros.
- Avec de belles huîtres de l'étang de Thau, il fallait évidemment goûter la Cuvée Cigalus 2014, du domaine du même nom, situé près de Bizanet, dans les Corbières. Un vin de Pays d'Oc, assemblage de chardonnay (80%) , de viognier et de sauvignon (5%), joliment doré, légèrement beurré en bouche mais sans lourdeur, sur les agrumes, des pointes de fruits exotiques frais, du citrus, des notes de grillé, beaucoup de fraîcheur, longueur séduisante et légèrement saline. Mais j'aurais mieux vu des langoustines mayo... Dans les 27 euros quand même...
- Chatus, j'en parle régulièrement ici parce que je ne déteste pas les cépages rustiques de cet acabit... Le chatus, c'est l'Ardèche, et sa Cave la Cévenole qui bosse dans la bonne direction. Alors la Monnaie d'or 2012, issu de très vieilles vignes et d'un élevage de douze mois en fûts, ça déménage. Robe de veuve, confiture de mûres plein le nez, notes de figues noires, d'encens, de pruneau à l'alcool, bouche riche, bien charnue, puissante, sur du fruit confit, avec en escorte une trame tannique qui réveille, des pointes de vanille et de réglisse. Pas un vin de mauviette. A boire au dîner, légèrement rafraîchi...7,60 euros.
- Dîner prolongé avec un saint-émilion 2012 de Château de Millery, un peu moins d'un hectare sur le plateau, propriété de Blandine de Brier Manoncourt. La conduite du vignoble et l’élaboration du vin sont supervisées par les mêmes équipes qu’au Château-Figeac, une référence... Pour cet assemblage à 90 % de merlot et 10% de cabernet franc, jolie robe dense, nez sur la cerise mûre, de belles notes d'épices de souk. En bouche, encore des baies rouges et noires bien mûres, des notes de cacao et de vanille, une solide trame tannique. Encore jeune. A conserver quelques temps en cave. 22 euros.
- Et puis, pour terminer, ce drôle de Coucou Blanc 2012 du Domaine Élian Da Ros, vingt-deux hectares en biodynamie dans les Côtes du Marmandais, sur la rive gauche de la Garonne. Un assemblage délicat de sauvignon blanc (60%), de sémillon (30%) et de sauvignon gris, provenant de sols argilo-graveleux. Magnifique robe jaune, nez complexe et riche, pêche, coing, fleurs blanches, pointes de grillé. Que du bonheur en bouche, ample, élégante, fraîche, longue... On ne résiste pas au chant de ce Coucou ouvert sur des bulots au poivre blanc...
Les petites lampées reviennent bientôt...
* Si vous voulez en savoir plus sur Gérard Bertrand, il vient d'écrire un livre le Vin à la belle étoile, dans lequelle il raconte sa vie et sa philosophie, sa passion pour le rugby et le jazz (Éditions de La Martinière. 16 euros).