19 Juin 2015
BORDEAUX. Château Margaux a inauguré, dimanche, jour d'ouverture de Vinexpo, son nouveau chai, en lever de rideau du prestigieux dîner de gala « donné par l'Union des Grands Crus Classés en 1855, Médoc et Sauternes, en l'honneur des représentants de la presse internationale ». C'est écrit comme ça sur le carton d'invitation, reçu il y a plusieurs mois. J'y étais, ben oui. Je vous raconte, rapidement ? En trois repères...
- Le nouveau chai. Les "chais d'œuvre" poussent comme des champignons dans le vignoble bordelais depuis quelques années. On voit de tout. Des trucs "m'as-tu-vu, des œuvres d'art, des reconstitutions historiques et des machins bien étranges... Corinne Mentzelopoulos, la propriétaire de Margaux, et son équipe ont choisi l'architecte britannique Norman Foster. Rien d'ostentatoire pour le nouveau chai du "Versailles du Médoc", mais cette nouvelle structure, posée sur des arbres en acier, inspirés des toits de marchés couverts girondins, est d'une classe absolue. Collé au château, il s'agit d'un élégant bâtiment agricole inséré dans le bâti précédent sans l'écraser. S'il est discret dans son allure, le nouveau chai n'en est pas pour autant modeste. Huit cents mètres carrés pour accueillir les cuviers de vinification en blanc et rouge. Foster y a ajouté une magnifique vinothèque souterraine, à deux mètres sous le sol, murs en béton ciré, d'une capacité de deux cent mille bouteilles pour les vieux millésimes du château, de 1848 à 2013. Ça laisse rêveur...
- Apéritif aux sauternes. Les invités au dîner ont donc eu droit, par petits groupes, à une visite commentée du nouveau chai mais aussi des anciens cuviers, de la tonnellerie et des chais de première et deuxième année. Superbe ! Avant le cocktail de bienvenue servi dans la cour des artisans. Des petits fours, du foie gras, du jambon, des truffes blanches, des bulles et des sauternes. J'ai ouvert le bal avec rayne-vigneau 2009, délicieux, une explosion de fruits secs sur des notes rares de safran. Puis climens 2008, rieussec 2005, guiraud 2005, doisy-daëne 2005... J'en passe. Avant la cloche !
- Le dîner. En route pour la montée des marches. Il a fallu traverser le grand salon du château pour tomber sur l'hallucinant spectacle de la "tente" transparente décorée de milliers de roses. Grandiose ! Dîner placé. Voisins charmants. Menu signé Guy Savoy. Soupe d'artichauts à la truffe et brioche truffée pour casser le sucre de l'apéritif. Dans les verres, d'abord des 2006, Margaux et Branaire Ducru...L'austérité du second ne résiste pas à la beauté du premier, d'une élégance rare, fruits noirs, tanins souples. Plus tard arrive une pintade aux girolles, caillette et jus corsé de volaille, avec les 1996. Margaux et Château Branaire. Le second est presque parfait quand, avec le premier, on touche à l'extase. Nez sublime, sur la violette, le sous-bois humide, ampleur et souplesse en bouche, des notes de confitures de fruits rouges, une invraisemblabe longueur soyeuse et romantique... Avec les fromages, margaux 1985, un très beau millésime toujours en verve, la fraîcheur de l'adolescence, des notes de noisette, de cacao... Et, sur le dessert, vacherin aux fruits exotiques, un yquem 1988 géantissime, cire d'abeille, confiture d'abricot, mangue, ananas confit, d'une grande élégance. Un vin rare, un sujet de philo à lui tout seul ... Finir de rêver sous les étoiles ...
Les petites lampées reviennent bientôt. Sans cravate noire...