22 Février 2015
Philippe Le Bozec. Vous aurez compris que notre premier Fou de vin de l’année porte un nom qui évoque plutôt les embruns bretons que la Promenade des Anglais… D’une mer à l’autre, Philippe Le Bozec est aujourd’hui installé du côté de la Grande Bleue, à Villeneuve-Loubet, près de Nice. Mais avant d’ouvrir sa cave, baptisée la Maison des vignerons, et son site, qui mettent en avant les vins d'artisans-vignerons de Provence, Philippe Le Bozec a passé près de vingt ans dans le milieu du spectacle et vécu une demi douzaine d’années en Californie. A côté de ses activités dans la post production, il importait, à San Francisco, des antiquités françaises. Sa reconversion dans le vin remonte à une dizaine d’années. Et est passée par la prestigieuse Université du vin de Suze-la-Rousse, dans la Drôme. « Le vin est une affaire de passion, j'en ai fait mon métier » explique-t-il… La suite dans ses réponses au questionnaire… A bientôt, autour d’un vin de Bellet ?
- Le déclic, le premier verre ? Mes premières émotions remontent à quelques fonds de verre de champagne dégustés sous une table de réception. Très jeune, tout gamin, entre dix et quinze ans, je pense. Et comme tous les gamins je finissais parfois les verres restés sur la table des réceptions. Mon père, cuisinier de métier, qui avait constitué une belle cave, avec des vins de mon année de naissance, 1959, quel millésime ! m’a piquousé tout petit et m'a toujours autorisé à mettre mon doigt dans les verres et à goûter. Je fais la même chose avec mon fils… C’est important d’apprendre le goût. Aujourd’hui, je recrache toujours lors des dégustations, jamais d’excès.
- Une devise ? « Je ne suis pas difficile, je n’aime que le meilleur.» Georges Bernard Shaw.
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Je ne hiérarchise pas, le vin c'est aussi une histoire de partage, de découverte. Ce sont des flashs qui apparaissent à chaque grande bouteille ou à chaque occasion, parfois des vins venus de nulle part s'immiscent, le dernier à s'être immiscé est un magnum d'anjou-brissac de 1997. Mais je pourrais aussi dire que j’ai bu de merveilleux pétrus, des vins de la Grange des pères, des trévallons dans les grands millésimes, dont le 1999 et ses arômes fabuleux d’olive confite… Et beaucoup d’autres.
- Cave ou armoire? Combien de bouteilles ? Je me sers dans mon magasin, évidemment, quand je fais mes achats, si je vois passer des choses extraordinaires, j’en achète toujours six bouteilles. Et je goûte. Par exemple, récemment, j’ai fait rentrer La Dame, une cuvée syrah du Domaine du chêne, en Saint-Joseph. C'est magnifique.
- Les trois coups de cœur du moment ? Je suis spécialiste des vins de Provence que l'on ne trouve pas partout, en tout cas je communique sur cela, donc ...
. Je commence par le vignoble de Saint-Jeannet et les vins vinifiés par Georges Rasse, le dernier des Mohicans. Il élève son vin en bonbonne de verre, le rayonnement ultraviolet remplaçant les sulfites et stabilisant le vin. C'est le dernier à faire ça en Provence. Il fait un rosé oxydatif incroyable, mais aussi des rouges, des blancs assez singuliers et passionnants dont une vendanges tardives et des rancios qui ne sont pas mutés à l’alcool…
. Les vins de Villa Minna de Jean-Paul Luc, ancien coureur automobile. Minna, c’est sa femme, d'où le nom du domaine. Il faut goûter le rouge 2007, le blanc 2008. Villa Minna, c'est l'étoile qui monte en Provence et qui brillera à côté de Trévallon, c’est le Trévallon numéro 2.
. Ensuite, le Domaine Borrely-Martin, pour son excellent rapport qualité/prix, il cultive en biodynamie avec discernement, une production naturelle sans insecticides, herbicides ou engrais chimiques. Je conseille une belle cuvée sur le mourvèdre, moins de dix euros.
- Allez, un quatrième pour la route, avec la Bastide des oliviers de Patrick Mourlan, qui fait des vins sans soufre. C’est difficile à faire, mais il réussit. Il produit deux mille bouteilles de rosé sans soufre, un coteaux-varois, superbe, c'est la cuvée Justine. A découvrir.